Nicolas Maury est un acteur atypique qu'on a pu voir exceller dans la série Dix pour cent et c'est avec une curiosité certaine que j'ai filé voir sa première réalisation. Dans Garçon chiffon, il opte pour la double casquette acteur/réalisateur et campe Jérémie, un comédien trentenaire à la carrière bancale, hypersensible et lunaire, qui développe une jalousie maladive envers son amoureux. Pour se réparer, il s'expatrie sur sa terre d'origine, le Limousin, auprès de sa mère. Physique, voix et gestuelle singuliers de Nicolas Maury sont mis à profit d'une quête existentielle qui oscille entre pure comédie, film d'auteur, fantaisie et drame. C'est un premier film tendre, décalé, bizarre par moment, drôle à d'autre qui aborde la thématique controversée de l'ego (surtout quand le réalisateur se donne le premier rôle), du rejet et de l'acceptation de soi-même par le biais du métier d'acteur et de l'amour au sens large. J'ai trouvé le personnage principal difficile à cerner. Une sorte de clown triste, mélancolique et pathétique. Un parisien en plein spleen baudelairien qui trouve réconfort chez sa vieille mère. C'est un héros qui n'en est pas vraiment un, un "attachiant", tantôt fantaisiste, tantôt absurde, toujours à fleur de peau et en constante hésitation. C'est un rôle fait sur mesure pour Nicolas Maury mais qui, je trouve, reste assez inaccessible et agaçant. Face à lui, des personnages plus terre-à-terre et réalistes font naitre un contraste intéressant, sans pour autant marquer les esprits. J'ai même été un peu déçu de l'implication de certains, trop retenu à mon goût, ou pas assez exploité. Seules Laure Calamy et Pauline Lorillard, dans un petit rôle, m'ont vraiment étonné ! Côté réalisation, on sent que Nicolas Maury s'inspire d'autres styles et réalisateurs. Difficile de ne pas penser à l'esthétique des films de Xavier Dolan ou aux parties musicales de Christophe Honoré. Cela dit, j'ai trouvé que la mise en scène très figée, composée de plans très serrés n'aident pas à rentrer dans le film. Ça ne m'a pas aidé à apprécier les touches lyriques qui m'ont du coup plus gêné que séduit... Les dialogues sont inégaux et pas toujours accrocheurs, ce qui amène quelques longueurs, mais surprennent à plusieurs reprises grâce à une poésie rafraichissante et décalée. L'histoire, quant à elle, m'a pas vraiment convaincu. Je l'ai trouvé très idéalisé malgré les états d'âme tourmentés du personnage. Je n'ai pas du tout cru à la scène finale, et encore moins à la présence de Théo Christine, qui n'a pas l'air de savoir ce qu'il fait là,
si ce n'est montrer ses fesses
. Cependant, cette première tentative, pas ratée mais pas réussie pour autant, m'intrigue quant aux possibles projets futurs du réalisateur.