Un petit polar grand public signé Gilles Grangier, que j'ai pris un certain plaisir à regarder mais qui n'est assurément pas un grand film.
Auteur d'une filmographie importante mais inégale, Grangier tourna notamment avec Jean Gabin à douze reprises. Ses œuvres constituent souvent de véritables documents sociologiques sur les années d'après-guerre, dressant un portrait assez réaliste des mœurs et des conditions de vie des Français.
Ainsi, dans "Gas-oil", il s'agit de dépeindre l'univers des routiers dans la France rurale des années 50.
A cet égard, le film se révèle assez plaisant, en dépit d'un rythme mollasson et surtout d'une intrigue policière laborieuse : Jean Gabin incarne un chauffeur de camion mêlé bien malgré lui à une sombre affaire de braquage, à la suite duquel l'un des complices est retrouvé mort sous les roues de son bahut, à la sortie d'un virage.
Après avoir eu affaire aux gendarmes et au procureur, le brave homme est ensuite traqué par les gangsters, à la recherche de l'énorme butin du casse, qui a justement disparu.
Une histoire assez invraisemblable, d'autant que certains comportements apparaissent improbables, à commencer par le chef des voyous (joué par Roger Hanin) qui malgré sa grande gueule et ses menaces, tarde inexplicablement à intervenir.
La mise en scène sans relief de Grangier n'aide pas vraiment non plus, à l'image du dénouement très mal filmé, dont le montage ne dégage guère d'intensité dramatique...
Heureusement, on peut compter sur les comédiens pour relever un peu le niveau de ce "film noir" pantouflard, à l'instar d'une Jeanne Moreau convaincante en jeune institutrice moderne, même si son couple avec le vieux Gabin pourra laisser perplexe.
Sans briller particulièrement, ce dernier fait le job dans un rôle de type sans histoire, un peu différent de ses standards habituels.
On retrouve également au générique Marcel Bozzuffi et Ginette Leclerc, ainsi que Robert Dalban et Henri Crémieux dans des petits rôles.