Par où commencer? Le pire du pire selon moi : l'erreur de casting, Tobey Maguire. Il faut se coltiner cette lavette qui livre le même numéro depuis Spiderman. Je sais que c'est pour sa ressemblance avec Francis Scott Fitzgerald qu'il a été choisi (qui plus est, c'est le meilleur pote de DiCaprio, ça l'a aidé très certainement), pour bien signifier que Nick est l'avatar de l'auteur, pourquoi pas ma foi mais je voyais mieux quelqu'un de la trempe de Michael Fassbender dans le rôle. Et sa relation avec Jordan Baker a été purement et simplement escamotée, et ce n'est pas un simple détail, ça aurait donné plus d’ambiguïté, de consistance au personnage que celle d'un simple et brave confident / allié (ahuri ici en plus) de Jay Gatsby. C'était pas utile de lui faire raconter son histoire en le faisant hospitaliser pour alcoolisme ou autre, et son texte tapé à la machine apparaissant à l'écran non plus, c'était vraiment pas utile. Quel gâchis, merci Tobey.

Les fêtes ensuite. Il a toujours aimé ça Luhrmann, et il aime aussi l'anachronisme musical. Je n’ai rien contre les fantaisies stériles de ce genre, je ne trouvais pas cela dérangeant dans Moulin Rouge, mais ici, amener du rap et de la pop récents... du coup on se croit à Ibiza ou dans une soirée jet-set sur la Riviera (en particulier quand le jazz est relégué en fond sonore pour les discussions)... La vanité de ces soirées est restituée sans doute, mais c'est trop sage, sans pousser la décadence vraiment loin et surtout avec une vulgarité bien de notre époque. Pas grand-chose de ce que j'en ai perçu dans le roman somme toute. Et sans qu'il en ressorte le moindre vitriol du narrateur sur la vanité de ce cirque mondain bigarré. Demain il voudra filmer quoi? Les Liaisons dangereuses en 3D avec du Lady Gaga?

Très bon choix pour les autres acteurs ceci dit, Dieu merci, c'est ce que j'espérais. J'ai trouvé Leonardo DiCaprio (dans le rôle du plus beau des losers magnifiques, je pense qu'il était taillé pour ça) et Carey Mulligan quasiment parfaits, à part quelques dialogues qu’ils auraient pu éviter de répéter trois fois par-ci par-là (et j'attends de voir la version avec Redford pour savoir qui est le meilleur des deux). La nouvelle venue Elizabeth Debicki a un charme et une élégance peu communs, c'est vraiment très dommage que rien n’ait pu se faire entre Jordan et Nick, mais bon, au vu de ce qu'ils en ont fait de Nick ici, valait mieux pas... Les grosses fêtes kitsch et la bande-son mise à part, l'époque est bien reconstituée : bagnoles, costumes, femmes à la mode "flapper", technologies des années 20 (téléphones, briquets énormes), l'industrialisation qui noircit des banlieues entières ... Le gros budget a servi au moins à quelque chose.
Le film fonctionne surtout bien mieux à partir du moment où la fête stoppe, quand la fin du "rêve" de Gatsby et la tragédie peuvent se dérouler. L'étrange force du roman c'était de ne pas juger bons ou mauvais les deux rivaux, on retrouve un peu de cela également malgré le Barnum Luhrmannien, Tom Buchanan c'est pas tout à fait le Duke de Moulin Rouge.

Nota bene : Mon titre c'est une référence aux Ziegfeld Follies, un show de Broadway inspiré par les Folies Bergères et dont l'âge d'or fut les années 20 : http://ziegfeld-follies.tumblr.com/. On en voit d'ailleurs un panneau à un moment dans le film.

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le 18 mai 2013

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Jackal

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