C'est donc par la troisième et dernière adaptation du roman de Francis Scott Fitzgerald que je découvre l'histoire de Jay Gatsby, et je comprends pourquoi son pouvoir de fascination a été si grand dans les années 20, et même encore un peu aujourd'hui. Il y a quelque chose de profondément touchant, élégant, mystérieux chez ce personnage excellemment interprété par Leonardo DiCaprio, dans lequel il est parfois aisé de se reconnaître, notamment dans la dimension sentimentale et passionnelle poussée jusqu'aux limites du surréalisme.
Cette vraie-fausse histoire d'amour est d'ailleurs de loin l'aspect le plus réussi du film, avec peut-être le rendu visuel, chargé (on est chez Baz Luhrmann), mais néanmoins très beau, à l'image de costumes et surtout de décors faisant à plusieurs reprises forte impression. Il faut néanmoins passer outre une entrée en matière assez longue et plutôt hystérique, nous faisant d'ailleurs craindre le pire pour la suite. Ces efforts ne seront donc pas vains, la critique envers une bourgeoisie aussi égoïste que superficielle s'avérant convaincante, notamment dans la dernière partie.
Dommage, toutefois, que le personnage médiocre de Daisy ne soit pas très réussie, Carey Mulligan s'étant déjà montré plus à son avantage. Résultat : une œuvre ni totalement subtile (les choix musicaux sont globalement très discutables), ni totalement aboutie, ni totalement convaincante, mais avec une forme récréative, un fond (nettement) au-dessus de la moyenne, quelques belles idées (notamment dans la narration), une bonne interprétation (Tobey Maguire, Elizabeth Debicki notamment) et surtout une histoire digne de ce nom : c'est déjà pas mal.