Bien avant le beau pétard mouillé signé Baz Lhurmann, le très joli roman de Fitzgerald avait déjà eu droit aux honneurs d'une transposition pour le grand écran, adaptation scénarisée par Francis Ford Coppola en personne et mise en scène par le grand Jack Clayton.
Dès les premiers instants, Clayton capte l'essence même du roman de Fitzgerald. Avec son générique inaugural nous montrant de somptueuses pièces vides où résonne encore l'allégresse des fêtes orgiaques d'autrefois, Clayton ressuscite les fantômes du passé, la folie d'une époque révolue, les rêves illusoires d'un homme qui se sera élevé par simple amour et qui se sera consumé pour les mêmes raisons.
Formellement magnifique, le film de Clayton est une sorte de beau livre d'images cachant une véritable tragédie humaine et une réflexion désabusée sur le temps qui passe, sur les espoirs déchus, sur une haute société condamnant les classes les plus faibles à leur perte sans s'en émouvoir d'avantage.
Bien qu'handicapé par de sérieuses longueurs et par le jeu crispant de Mia Farrow (sa voix de crécelle aura définitivement ma peau), "Gatsby le magnifique" est une belle adaptation d'un roman essentiel, bénéficiant de l'aura à la fois glamour et mystérieuse d'un Robert Redford impeccable.