Je dois spécifier avant tout que c'est mon premier film de Baz Luhrmann (ah non, j'ai aussi vu Roméo et Juliette, mais ça fait trop longtemps et le film ne m'avait pas tant marqué), et que c'est la première fois où je vois des séquences aériennes aussi spectaculaires et variées. Quoi, même la 3D est passée, et elle valait vraiment le coup pour les plans sur les "paysages" (autrement, toujours aussi inutile).
J'avais aussi vu la version plus fidèle ("classique" en tout cas) avec Redford, même si je ne saurais pas la comparer avec le livre, vu que je ne l'ai pas lu.
Même si le scénario est quasiment le même dans le film de Luhrmann, et que l'histoire risque d'être connue par tout le monde, je me vois obligé de revenir sur elle, puisque l'émotion est encore vive.
Roaring twenties
Toute l'histoire se suit à partir des yeux de Nick Carraway, interprété par Tobey Maguire, que je n'avais pas vu depuis Spider-Man (qui l'a vu depuis, de toute manière ?). J'avoue qu'il ne m'a jamais déplu; je comprends qu'il puisse paraître agaçant, mais sa gueule de bon enfant naïf me plaît. C'est clair que sa narration ne se compare pas à celle de Morgan Freeman (Shawshank Redemption, anyone ?), mais le film se suit très bien dans cette vue à la première personne (j'imagine que c'est pareil dans le livre, quant au film de 1975 j'avoue que je ne me rappelle plus).
Bref, toutes ses petites aventures, son entrée dans le beau monde, ses petites remarques sur l'univers mondain et une Amérique complètement déchue dont il n'en tire qu'une déception totale sont certes sympas, mais la claque, c'est quand même lorsqu'il rencontre Gatsby pour la première fois. Qu'il est stylé Di Caprio, avec son joli sourire ("one of those rare smiles with a quality of eternal reassurance in it").
Cette mise en scène est un gros plus pour moi. The roaring twenties sont représentées à nu, dans toutes leurs folies et grandeurs, avec une nuance de modernité récurrente sur toute la durée du film, que j'ai vraiment appréciée. Je m'attendais à voir des éléments de deux époques distancées par près d'un siècle, et je n'ai pas été déçu. Dans le fond, qu'est-ce qui a changé des années 20' à nos jours, mis à part que nous avons perdu la classe ? Gatsby en costume blanc, bâton dans la main droite et cigarette dans la gauche, c'est tout ce qu'il y a de plus glamour et de sexy dans le monde (encore plus si c'est Di Caprio).
Young and Beautiful
Là encore, je dois avouer que je ne me rappelle plus grand chose du jeu de Mia Farrow et de Redford dans Gatsby de 1975, donc je ne pourrai pas faire une comparaison exacte. Par contre, j'ai trouvé que Leonardo et Carey Mulligan (Daisy Buchanan) forment un couple magnifique. Mulligan toujours aussi mignonne, fait un très bon jeu lorsqu'elle doit se renfermer dans sa propre bulle et joue la fille perdue entre 2 amours (pardonnez cette grossière comparaison, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la Princesse de Clèves). Enfin, grossière et pas trop après tout, puisque j'ai cru voir certains éléments baroques (les ornements exubérants, l'illusion avec le phare vert...). Bien qu'ici Daisy semble égoïste avant tout.
Si d'après mes souvenirs Farrow m'avait parue malade et hystérique (bien meilleure pour le côté bipolaire du personnage), Mulligan me plaît d'avantage dans sa finesse et beauté, ne le cachons pas.
Pour Di Caprio, je pense avoir déjà dit assez. Il n'aura sûrement pas d'Oscar pour ce film (dans le fond, il ne le mériterait pas tant), mais il faudrait que l'Académie se décide un jour à le lui accorder. Et puis, je pense que c'est quand même l'incarnation parfaite de Jay Gatsby, plus encore que Redford.
Un couple quasiment parfait donc, difficile de ne pas s'y attacher.
Love is blindness
Je saute sur Tom Buchanan (le mari de Daisy) et son histoire d'amour avec Myrtle Wilson. Les deux personnages m'ont toujours agacé: ils sont venus casser un amour presque parfait, pour faire de Gatsby le Magnifique un drame, que j'apparenterai un peu à Roméo et Juliette (rien à voir vous me direz); effectivement, cette fois Juliette se casse avec le gros riche, mais Roméo il crève quand même. :(
Je ne peux pas dire que j'ai été très triste à la fin du film, connaissant l'histoire. Mais ce même sentiment de frustration revient, le même que Nick ressent à la fin. Et la mise en scène de ce paradoxe final, bien que simple (Tobey sur l'escalier pleurant Leo, dans son cercueil), peut mettre un petit nœud dans la gorge (ça l'aurait fait pour moi, si je ne me souciais pas d'avoir un terrible besoin d'aller aux toilettes, mais ça, c'est une autre histoire).
Une fin cruelle, dont le mérite appartient entièrement à Fitzgerald. On remercie Luhrmann de nous avoir donné une version fidèle.
En conclusion, je ne peux pas m'empêcher d'écrire ma fascination vis-à-vis de Jay Gatsby. Après avoir vu deux versions assez différentes - avec une préférence pour la dernière en toute subjectivité - il me tarde d'aller lire le livre, pour voir (j'espère) plus amplement à quoi ressemblait vraiment Gatsby.
Cousin of Kaiser Wilhelm's ? German Spy in The Great War ? Bootlegger ?