Presque 9.
Vraiment Clayton, il ne rate pas. Son cinéma est d'une sensibilité incroyable, il arrive à dégager une déchirante mélancolie d'un romantisme désuet, disparu.
Un idéal disparu mais dont la présence sous jacente, à fleur de peau contribue à dégager quelque chose de proprement fantomatique. Car il reste quelque chose de très funeste dans le film, des relents presque gothique où le rapport au temps est fondamental, avec une suspension, langueur qui dégagent aussi bien quelque chose hors du temps, éternel comme quelque chose de vide, de mort. Et c'est sur cette ambiguïté que repose la beauté du film et la mise en exergue de la crise existentielle qui traverse les personnages.
(J'ai presque ressenti des relents Antononien par moment, dans le dialogue entre vide et crise existentielle)
Le mélange de l'aspect fantomatique et de la crise existentielle, de la langueur et de l'impression de temps suspendu, donne la sensation que l'ensemble des individus sont justes des souvenirs semblant vivre au travers d'une société de consommation naissante. De là le film se permet de brasser thématiquement bien plus de choses, des permanences sociales jusqu'à la construction d'un nouveau monde à l'heure d'une nouvelle phase du capitalisme qui va autant consacré l'individu, l'individualisme que les peurs réactionnaires d'une partie de la population. Mettre en scène de cette manière les années folles américaines, comme quelque chose de condamner au vide, à la mort, est pertinente tant elle va disparaitre en 1929. Mais dont les questionnements, crises et névroses semblent lui avoir survécu tant elles sont présentes depuis les années 60, 70. Voire de 1945 jusqu'à nos jours.
Mais au final, la plus grande justesse du film est d'avoir traité, mise en scène cette tension entre vieux romantisme d'une époque passée et un cynisme consumériste dans un capitalisme avenant.
Enfin bref, beaucoup de choses à dire mais un grand film dont je ne comprends absolument pas sa mauvaise réputation.