N'ayant pas (encore) lu le livre réputé de Posy Simmonds, j'ai abordé "Gemma Bovery" sans y chercher aucun enjeu, avec l'anticipation du plaisir simple que devait procurer l'équation Fontaine + Arterton + Luchini. Las ! Je n'ai vu qu'un film poussif, ni drôle ni profond, parcourant sans imagination des chemins bien balisés (les attraits et l'ennui de la France profonde, les Anglais expatriés, l'adultère provincial, l'obsession pour la littérature, etc.). Un film qui semble ne se justifier que par son "twist" final malin, mais à la morale un peu facile (tous coupables... donc finalement tous innocents, c'est la faute au destin, au hasard,... etc.). Un film qui s'emmêle les pinceaux avec une alternance de points de vue injustifiée et sans cohérence, qui ne nourrit pas la fiction : entre ce que voit Martin et ce qui se passe vraiment, par exemple, nul jeu, nulle perspective.
Sans doute aurait-il fallu l'intelligence d'un Rohmer pour transcender tout cela, ou tout au moins en faire un objet ludique. Dirigé (?) par une Anne Fontaine dont on connaît plutôt l'intérêt pour les déviances, Luchini lui-même perd grâce et légèreté, et devient un simple vieux con pathétique, personnage inintéressant à peine racheté par une dernière scène plaisante.
[Critique écrite en 2014]