On dira ce qu'on voudra mais Anne Fontaine sait filmer les femmes.
Les mettre en lumière, les sublimer, faire de la pellicule un écrin qui fait scintiller leur beauté, trouver le bon rayon de soleil à disperser sur la chevelure.. Que ce soit Robin Wright & Naomi Watts, Isabelle Huppert ou ici la somptueuse et rafraîchissante Gemma Arterton (dont la ressemblance avec Laetitia Casta est tout de même proprement ahurissante) : toutes sont splendides lorsqu'elles rencontrent la caméra de la réalisatrice luxembourgeoise (oui, oui).


Qui d'autre que Luchini pour enfiler le costume de ce boulanger de village normand fondu de littérature, qui voit en sa voisine récemment installée l'incarnation de Madame Bovary ? Les événement semblent bien vite vouloir lui donner raison, d'ailleurs ne dit-il pas à un moment donné que "souvent la vie imite l'art" ? Autour de la belle Gemma gravite une galerie de personnages plus ou moins sympathiques mais joliment brossés par Anne Fontaine. Ainsi de cette insupportable française mariée à un anglais (incarnée par Zylberstein, au top de la british poshitude) dont les envolées snob et la bêtise sont extrêmement bien vues. La femme de Luchini est également très pénible dans son rôle de rabat-joie rigide et prompte à critiquer. Quant aux hommes : qui pourrait résister à la sublime Gemma ? A peine lève-t-elle les yeux sur eux qu'ils succombent tous.



Avec ce simple geste, c'en fut fini de vingt ans de tranquillité sexuelle.



Cette réplique de Luchini - géniale - exprime bien la puissance du sex-appeal sans effort de la jeune britannique à l'accent si charmant, aux minauderies adorables, et aux courbes affolantes - qui n'en finit plus de faire tourner toutes les têtes.


Il faut la voir débarquer chez son amant en trench qu'elle jette négligemment, découvrant sa nudité juste habillée d'une parure de sous-vêtements. Un corps de statue grecque plus que parfait qui rendrait fou le plus abstinent d'entre tous.


Alors, bien sûr, c'est assez cliché et peu vraisemblable, mais les acteurs sont attachants, les plans très beaux, la musique très bien choisie (Moriarty en tête), le final inattendu et l'histoire, sur fond de journal intime et de littérature (que ne peut s'empêcher de citer ça et là le grand Fabrice) ne peuvent que contribuer à faire de ce film une oeuvre intelligente et douce-amère qui se regarde sans déplaisir aucun.


Le rôle de Luchini n'est d'ailleurs pas si manichéen que cela et on hésite d'ailleurs quant à qualifier ses intentions : est-il un ange gardien ? Un gentil voyeur ? Un jaloux éperdu ? La manière dont le personnage juge lui-même ses travers et ses mesquineries occasionne des répliques assez irrésistibles.


Anne, ma chère Anne, continue de nous régaler de tes beaux portraits de femmes, de ton cinéma vraiment féministe qui campe un deuxième sexe fort, charnel et sentimental, à la séduction affirmée et affranchie, qui ne s'en laisse pas compter et n'hésite pas à s'enflammer quitte à en payer le prix.. On en a bien besoin !

Créée

le 10 janv. 2018

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