Gemma Beau vain paresseux
Pour Luchini d'abord,
et pour Flaubert,
pour la Normandie un peu,
et pour Gemma Arterton plus que beaucoup je l' avoue! A cause de Tamara Drewe et Alice Creed,
j'ai vu ce film,
et le regrette un peu.
De manière involontaire ce film souligne que Flaubert est un génie, et que les Bouvard et Pécuchet du XXIème pullulent et se multiplient jusque dans le cinéma français.
En sortant de la salle, je me disais que Luchini devait être le premier déçu de ce machin qu'on lui avait vendu comme un film sur Emma Bovary au XXIème siècle, cet archétype auquel on aurait ré-insufflé vie.
Comme Emma nous sommes déçus, le sentiment d'être trahi au bord du coeur.
Comme Emma nous nous sommes ennuyés, attendant la fin comme un vieillard lassé....
Le personnage du boulanger lettré qui trouve son fils couillon, promène son chien comme d 'autres s' emmerdent ne nous émeut pas plus qu'une plaine. Pire encore, les rares scènes où il se creuse un peu, où Luchini peut lâcher la bride, nous font regretter la paresse générale du scénariste et de la réalisatrice.
Par curiosité j'ai feuilleté le roman graphique d'où est tiré le scénario, en deux pages il y avait plus d'humour vachard ( Esprit de Flaubert es-tu là? ) que dans tout le film!
Pauvre Gemma A ( à elle aussi on a dû lui vendre du rêve, jouer dans un film français, en France, avec un grand acteur! ), y'a comme un malentendu sur son personnage autant qu'un aveu d'impuissance de notre duo d'"imcréateurs" qui n'a pas sublimer ce jouet, sous-exploité érotiquement ( un scène presque pas mal), et la fin ( c'est pas not' faute on a pompé ça chez Posy sans e au milieu) est pire que se prendre les pieds dans le tapis, trop d'explications tue le mystère ( "surtout pas d'explication bordel de Dieu!" dixit Gugustave) et tous ces mulots y' en a ras le bol de ce travail fait à l'ordi ni à faire!
Le film se tire souvent une balle dans le pied ( écrit à quatre pieds par les deux zozos précités) ou nous flanque entre le main le bâton pour se faire battre, comme un condamné dirait à son bourreau, vas y enfile les perles, moi t 'façon j'ai qu' ça à foutre alors... Il souligne les clichés en nous faisant le gros clin d’œil qu'on sait que c'en est un.
La campagne est trop souvent un décor pour faire joli, que ça m' a rappelé, souvenir cuisant, le dernier film de Resnais.
Deux semaines plus tard, temps de gestation post visionnage pour une critique équilibrée, je repense à Gemma, je repense à mon Fabrice , et à Elsa sous-exploitée autant que divine. Je repense à quelques plans de ci delà bien foutus vraiment, et à la petite blague du fils à son père ( invention du duo paresseux, j'ai vérifié) mieux vaut tard que jamais.
La frustration de se dire que bon petit film aurait pu être un un grand petit film l'emporte t -elle sur les petits plaisirs distillés qu'il me restera?