L’ambition est salutaire. Et on ne peut pas dire que Berri en ait manqué à cette période-là puisqu’après avoir mis en image L’eau des collines, le dyptique de Marcel Pagnol (Jean de Florette & Manon des sources) et avant d’avoir adapté (ce qui restera comme son chef d’œuvre) la vie de Lucie Aubrac pendant la Résistance, il s’engage dans un projet monstre en adaptant Emile Zola.
Embauché dans les mines de Montsou, dans le Nord de la France, le jeune Etienne Lantier (Renaud) découvre les conditions de travail épouvantables et la souffrance d’une population misérable et déshéritée. A la suite d’une baisse des salaires décrétée par la Compagnie, sous prétexte de crise économique, Lantier, plein d’idées socialistes, appelle les mécontents à faire la grève et à constituer une caisse de prévoyance.
C’est une grande fresque sur la lutte ouvrière. Berri alterne assez cruellement la misère sociale de ceux qui vivent dans les maisons délabrés des corons, affrontent la famine et passent leurs journées dans le charbon ; et l’opulence de ces manoirs appartenant aux familles d’entrepreneurs miniers employant au moindre coût des milliers de familles entières de travailleurs.
Techniquement c’est fort. Avec son budget colossal (pour l’époque) Germinal fut un temps le film le plus cher du cinéma français : On parle de huit mille figurants. La reconstitution est réussie, les costumes sont parfaits. Quant aux conditions de vie dans les corons, on y croit, tout simplement. Par ailleurs le tournage a lieu dans des décors impressionnants et notamment la fosse Arenberg.
Mais le film manque un peu d’incarnation (les acteurs donnent trop ou pas assez) refusant le souffle lyrique par une écriture trop fonctionnelle et une mise en scène beaucoup trop corsetée, préméditée. J’espérais un truc un peu plus sale et chaotique, un voyage dans l’enfer des mines. Le film est trop académique, mais en tant que film populaire, ça reste toujours préférable à dix mille autres trucs sans intérêt.