Ce film revêt pour moi une importance particulière. Déjà, il est l'un des premiers films « sérieux » que j'ai vu au cinéma (je ne considère pas que les films d'animation ne sont pas sérieux, mais c'est un autre sujet.) et il traite un sujet que je connais bien puisqu'il fait partie intégrante de ma région d'origine et de celle de mon père. Adapté du célèbre roman éponyme d’Émile Zola, il essaie donc de retracer les conditions de vie des mineurs de fond et fait une comparaison féroce avec la vie des propriétaires de ces entreprises.
Bien servi par un scénario et une histoire poignante (en même temps, quand on a comme base Émile Zola, ça aide.) et des personnages écrits avec finesse, on est très rapidement pris dans l'histoire. La technique est quasi parfaite et réussie à rester tout à fait acceptable, même après toutes ces années. Les décors choisis par Claude Berry sont assez impressionnants et restent très acceptables, eux aussi, pour l'époque.
En réalité, le seul point négatif que je trouve à ce film, ça restera le casting. Si certains s'en sortent bien (Jean Carmet, excellent comme à son habitude, Judith Henry ou Annie Duperey), d'autre, quel que soit leur talent intrinsèque ne sont pas fait pour le rôle. Si on peut citer Miou-Miou (qui aura, au moins l'occasion de ne pas avoir à forcer son mépris naturel), le principal problème restera Renaud, qui confirme définitivement qu'être chanteur et être acteur sont deux choses très différentes et qu'on peut être excellent dans le premier rôle et clairement moyen dans le second.).
Au-delà de ça, pour avoir eu les échos de personnes présentes et durant le tournage et à la soirée de présentation du film lors de sa sortie, je pense imaginer assez bien ce que Corinne Masiero (qui campait ici le premier rôle de sa carrière) dire : le réalisateur était Dieu le Père. Il y avait des différences entre les acteurs connus et les inconnus. Depardieu pétait sans arrêt et se grattait les couilles, alors que Carmet rigolait, bavardait avec les partenaires, les techniciens, mais devenait génial et concentré dans la seconde où on lui criait : 'Action !'"
Alors, merci Monsieur Carmet de rappeler qu'il existait aussi des gens respectueux.
Le film aura marqué son époque. Nommé dans de nombreuses catégories aux césars, même s'il ne remportera que deux prix « secondaires » (meilleure photographie et meilleurs costumes), Germinal finira par être un peu oublier par rapport à d'autres films de l'poque. Il garde tout de même une place spéciale dans le cœur de nombreux cinéphiles.