Barcelona
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le 15 oct. 2014
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Dans Geronimo, Tony Gatlif nous plonge dans la vie d’un quartier du sud de la France. Les enfants traînent à longueur de journée, les ados boivent en cachette… Un quartier comme tous les autres à un détail près: Geronimo. Elle est assistante sociale, et a une personnalité forte grâce à laquelle elle va se battre pour sauver Nil Terzi, une jeune fille turque qui s’est enfuie le jour de son mariage pour rejoindre son amoureux gitan Lucky Molina. Ces deux jeunes sont obligés de se cacher par peur des représailles de la part de leurs familles respectives. Nil risque d’être tuée par ses frères qui, en manque de repères se retrouvent confrontés à leur propre haine qu’il associent à de vieilles traditions depuis longtemps oubliées.
Tout d’abord, ce film est un fabuleux mélange de genres. On retrouve pratiquement un western avec des thématiques de vengeance, les scènes de duel et des personnages de vagabonds mais on est aussi dans un drame à la Shakespeare car L’amour entre Lucky et Nil est un amour impossible à cause du conflit qui opère entre les familles truque et gitane. On peut aussi comparer ce film à une tragédie grecque dans la mesure où un homme de la famille turque doit tuer sa soeur et qu’il s’agit pour lui d’une obligation. C’est son destin comme celui d’Antigone est d’enterrer son frère par exemple. On retrouve également une scène, lorsque Nil est seule dans la maison abandonnée qui fait penser à un film d’horreur avec des bruits amplifiés notamment du vent.
De plus, les personnages sont intéressants et touchants comme notamment Geronimo qui est la voix même du réalisateur Tony Gatlif. C’est une femme seule avec un fort caractère et qui est respectée dans le quartier. Son ambition est de « sortir les jeunes de la merde » et elle sait s’y prendre avec eux car elle a autrefois été à leur place. C’est sa force de caractère et d’action qui vont lui permettre d’apaiser les conflits dans le quartier et de sauver des vies. On retrouve aussi des personnages universels comme Lucky et Nil qui sont victimes de leur origines ou encore les jeunes du quartier en total manque de repères, perdus entre leurs origines et leur nationalité. Tony Gatlif rend donc un phénomène d’identification possible.
La place de la musique dans ce film est extrêmement intéressante. Elle en est le rythme et le fil conducteur. De plus, elle a un caractère intemporel et sans frontières car on retrouve aussi bien de la musique classique que de la musique gitane ou hip-hop donc elle lie les générations entre elles. La musique au début du film contient les deux familles. Elle les définit aussi. Mais au fil du temps, elle résonne de plus en plus dans nos têtes et les leurs, elle précipite les événements, elle nous saisit notamment lorsque qu’elle est faite avec des couteaux, des instruments de combat, des pas de claquettes sur des tombes et une haine sans mesure.
Ce film a tout de même des points négatif. Notamment le jeu des des acteur qui trop souvent surjouent et nous empêchent d’apprécier le film à sa juste valeur. De plus, passer environ un quart du film dans l’ « usine de tags » se révèle être assez ennuyeux, surtout quand on imagine à côté de quelles scènes magnifiques on peut passer car le reste du film en est bourré. Aussi, certaines scènes semblent peu crédibles comme celle de la danse dans la rue en pleine nuit, malgré sa beauté sonore et visuelle. Enfin, les dialogues ne semblent pas toujours adaptés aux acteurs et cela leur enlève beaucoup de spontanéité.
Pour finir, malgré ces quelque problèmes mineurs mais tout de même agaçants qui font perdre du charme et de la spontanéité au film, le sujet traité est intéressant, et la palette des moyens mis en oeuvre pour le traiter encore plus car très étendue.
Créée
le 22 nov. 2015
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