Ce qui frappe d'abord dans ce film d'une autre époque en noir et blanc, c'est l'extrême lenteur dans la gestuelle des personnages et notamment de Gertrud, grande et belle femme au visage empreint d' une incommensurable tristesse, aussi quand son époux, avocat de renom, lui annonce, glorieux, qu' elle va bientôt être femme de Ministre, la jeune femme, en guise de réponse lui dit qu'elle va le quitter.
Le film est tiré d'une pièce de théâtre de Söderberg et en épouse le rythme : une action qui se passe au début du siècle à Stockholm, où Gertrud fut d'abord une chanteuse célèbre, maîtresse du poète Lidman, épouse depuis plusieurs années du grand avocat Kanning ; elle se trouve à un tournant de son existence, au moment où la femme en elle ne peut plus se contenter de cette vie sans flamme, elle qui ne veut qu'aimer.
Et elle est amoureuse d'un jeune pianiste qui collectionne les aventures, mais peu lui importent les différences d'âge ou de milieu : elle se donnera à lui et quittera tout par amour.
Une très belle analyse de l'amour vu par l'homme et la femme, deux conceptions difficilement conciliables : trahie par son jeune amant, Gertrud choisit l'expérience de la solitude, reconnaissant les "plaisirs charnels mais l'irrémédiable solitude de l'âme".
Un film lent, triste et beau qui se termine par " Amor omnia" les deux mots qui seront gravés sur sa pierre tombale : L' Amour est tout.