Ouais, bon, c'est nul à chier. Voilà, y compris pour celles et ceux qui voulaient du divertissement standard n'exigeant pas plus de deux neurones et un cul n'ayant pas besoin de décoller de son canapé, c'est nul à chier.
Oui, parce qu'à la lecture du résumé du début du film, il fallait bien se douter, qu'au mieux, il n'y allait pas avoir quelque chose d'autre que du réchauffé ultra-prévisible, avec la petite différence d'une inversion dans les genres (c'est-à-dire que la femme devient la tête du duo, l'homme le paumé de service !), d'œuvres du type True Lies. Le tout avec le vernis de deux noms de stars sexy pour attirer le chaland.
Mais même ce minimum, Ghosted n'est pas capable de l'offrir.
La mise en scène est d'une pauvreté incommensurable.
Quand la BO ne fout pas aléatoirement des tubes musicaux, on a le droit à une bouillie sucée, sans la plus riquiqui once de créativité, sur Hans Zimmer parce que les compositeurs de musique de films d'action de maintenant n'ont pas la capacité ou la liberté de faire autre chose aujourd'hui.
Cela sent le fond vert à tous les niveaux. Par exemple, pour faire croire à un décor de marché pakistanais en extérieur, quelques stands sont plantés avec une poignée de figurants habillés "couleur locale" dans un hangar.
Les séquences d'action sont pourries, entre ces coups donnés à deux mètres, des méchants se laissant sagement zigouiller, bien qu'ils aient dix plombes pour réagir, et des coupures sectionnant des passages dans les chorégraphies des combats, donnant l'impression de petits sauts dans le temps de quelques secondes à chaque fois (dans cette optique, même en dehors de l'action, censée être spectaculaire, ne serait-ce que le défi de la montée des escaliers avec les deux tourtereaux, pour savoir qui est le plus rapide à grimper des marches, n'arrive pas à cause de cela à rendre crédible visuellement que le personnage de Chris Evans soit plus lent que celui d'Ana de Armas en dépit du fait que le premier a commencé avec une bonne longueur d'avance ; c'est vous dire le degré de nullité de la réalisation !).
Et je sais pertinemment que c'est une comédie d'espionnage, que l'ensemble a pour objectif d'être drôle. Reste que ce n'est pas en se faisant comporter aussi bien les méchants (notamment Adrien Brody, ridicule dans le rôle d'un big boss soi-disant dangereux !) que les gentils comme des clowns constamment, en larguant sans arrêt, avec lourdeur, une avalanche de vannes coupant toute romance dans les instants supposés romantiques, coupant toute tension dans ceux supposés menaçants (ouais, vous savez, tout le bazar aidant à la construction et à la consistance des personnages comme des situations !) qu'on déclenche les zygomatiques. Au contraire, c'est plus inefficace qu'autre chose, d'autant plus, qu'inévitablement, tout paraît forcé et artificiel.
Dans cette catégorie de films, le comique vient de l'attitude semblant naturelle d'un élément extérieur et aussi des réactions qu'il provoque, après être balancé, sans qu'il l'ait cherché, dans un monde complètement étranger pour lui, qu'il n'aurait jamais dû connaître, peuplé de personnages sérieux (ou qui pensent l'être !), en total décalage avec son train-train quotidien, et qui va devoir se dépatouiller avec ses limites ainsi qu'avec ses quelques ressources insoupçonnées pour s'en sortir. Visiblement, le réalisateur de ce machin, Dexter Fletcher, et ses scénaristes n'ont rien pigé à cette évidence.
En conséquence, Ana de Armas et Chris Evans (qui, en plus, ont déjà donné la preuve qu'une alchimie entre les deux est possible dans Knives Out, même s'ils n'y ont que quelques scènes en commun et que les intérêts des personnages qu'ils incarnent sont opposés !) ne peuvent rien faire pour sauver un tel ratage.
Bref, ce film est autant à mettre dans les spams qu'un SMS vous disant que vous devez payer pour que votre colis vous soit livré alors que vous n'avez rien commandé et que, de toute façon, vous payez toujours avant que ça ne soit expédié quand c'est le cas.