J'aime bien en ce moment aller voir des films sans regarder de bande annonce, en me fiant juste à l'affiche ou au résumé, et ça réussit plutôt bien (avec la bonne surprise Le secret des Marrowbone), seule chose que je savais c'est que le film a la réputation d'être glauque voir dérangeant...
Et il ne vole pas sa réputation !
Cette critique peut contenir des traces de spoils.
En effet, après quelques minutes seulement l'ambiance glauque se met en place et elle sera quasiment constante pendant toute la durée du film. C'est un des meilleurs point de Ghostland, cette ambiance oppressante qui vous prend à la gorge, qui vous coupe l'appétit (même pour des milka-daims). Les assaillants restent des inconnus du début à la fin, pendant longtemps leurs visages ne sont pas montrés, c'est souvent un cliché des films d'horreur que le mal n'ait pas de visage, mais je trouve ça plutôt efficace ici.
Ghostland joue sur le côté ambiguë, déjà sur les psychopathes dont on ne connaît pas les intentions (bon on se doute que c'est pas de faire des crêpes pour toute la famille), on se pose même la question si l'un des deux est un homme ou une femme au début. Quant aux deux filles, on a parfois du mal à les cerner, qui est la plus tarée des deux ? L'écrivaine en herbe a-t-elle tout inventé ? Évidemment tout ceci trouve des réponses petit à petit, et le petit twist au milieu du film m'a bien plu. Jusqu'à ce qu'il soit révélé j'étais plutôt sceptique sur certains points, je trouvais des choses assez aberrantes, au final je suis très satisfait de ces ajouts scénaristiques.
Ils permettent de souffler un peu devant une histoire très macabre, car j'avoue que sinon ça n'aurait été qu'enchaînements de glauquerie sordide.
La réalisation est un autre bon point du film, elle est très classique par rapport aux autres films d'horreur mais efficace, j'ai ressenti un peu les mêmes émotions que devant La colline a des yeux et Haute tension d'Alexandre Aja. Une dose un peu rétro des films d'horreur avec un soupçon de modernité. Les musiques participent bien à l'ambiance, il y'a des jumpscares mais pas tant que ça donc rien de grave...
J'aime que les parties hallucination et réalité soient bien distinctes dans la réalisation comme dans le scénario, tout est idéalisé dans les rêves, Beth qui se retrouve mariée, un enfant et auteur de livres à succès... Il y'a ce ton pastel un peu guimauve qui montre que tout ceci n'est pas réelle.
La réalité est bien plus brutale, au lieu de longs plans larges, nous avons ici des plans serrés et un montage à base de cut hyperactif.
Le film ne fait pas de concessions, il montre la cruauté sans détour et la folie des personnages est explicite en continu. Il est difficile de dire qu'on aime ce genre de films sans passer pour un malade, je peux dire néanmoins que j'admire la réalisation et que je suis satisfait par son ton glauque assumé. La fin est plutôt prévisible mais il y'a un beau message de fraternité, ou de sœurernité pour le coup.
Il est vrai que Ghostland ne fera pas date dans le genre horrifique, car il n'a rien "d'exceptionnel" par rapport aux autres, mais ça n'en fait pas pour autant un mauvais film et je suis pour encourager les français à persévèrer dans le genre, même s'il est pervers et que les critiques peuvent être sévères...