La critique d'un nouveau film de Pascal Laugier débutera toujours par citer le film choc qu'était Martyrs, véritable séisme dans le genre de l'horreur. Et si dix années (et un discutable The Secret) se sont écoulées depuis, Ghostland, malgré ses apparats les plus typiques du film d'épouvante américain (vieille maison isolée au fin fond des USA, cave labyrinthique, poupées flippantes, jeune fille révoltée,...), est fortement comparable à son aîné culte, étrangement trop d'ailleurs. Derrière une écriture archétypale des personnages, on retrouve ainsi cette violence froide et soudaine qui éclabousse la pellicule, et surtout cette thématique de l'abandon psychologique pour surmonter ces épreuves horrifiques et insoutenables.
En dépit des bonnes idées de Laugier, qui cherche à insuffler un questionnement constant de la part du spectateur et ainsi rendre complexe et intelligent ce film de genre en tentant d'en détourner les ficelles et de faire voler les réalités en éclats, Ghostland se montre surtout confus, bancal, facile dans ses jumpscares, fatigant dans son chaos bruitiste, prévisible à de nombreux moments, et laisse une impression de développement inachevé. On n'a guère d'empathie pour les jeunes filles, si ce n'est de la révulsion face à leur blessures, la brutalité sourde de Laugier surprend mais ne dure pas et ne choque plus, les scènes dérangeantes se font échos du La Colline A Des Yeux d'Aja, et les constantes références à Lovecraft habillent le film d'une symbolique seulement superficielle.
En prime, ces retournements du récit qui dévoilent une volonté d'amener l'horreur non pas de façon directe, mais plutôt psychologique et ainsi créer des thématiques plus profondes qu'à l'accoutumée pour, finalement, se complaire en résolutions faciles et attendues qui, sous couvert de laisser le spectateur s'interroger sur la tangibilité de l'histoire, veulent apprêter le long-métrage d'une dimension qui surpasse son exécution.