Huis clos horrifique à la française servi avec son coulis de sadisme

Sorti en 2008, «Martyrs» avait sans nul doute su marquer les esprits tant il parvenait à atteindre des sommets en matière d'horreur et de sadisme. On attendait donc avec impatience le grand retour du réalisateur français Pascal Laugier avec son dernier film intitulé «Ghostland» et, que l'on apprécie ou non les films d'horreur de ce style, il y a fort à parier que celui-ci aussi ne laissera personne indifférent:
Un film en effet très bien ficelé prenant la forme d'un huis clos qui parvient à plonger le spectateur au cœur d'un véritable cauchemar éveillé. La mise en scène parvenant avec brio à conférer à l'ensemble du film un rythme frénétique qui laisse peu de répit au pauvre spectateur qui reste, à l'instar des protagonistes, impuissant devant ce déferlement ininterrompu de sadisme et de violence.
Le twist qui intervient entre la première et la deuxième partie du film fonctionne parfaitement et semble par ailleurs faire figure de parodie des films d'horreur classiques en tournant en dérision les scènes du quotidien (très souvent totalement dépourvues d'intérêt dans ce genre de films) qui interviennent généralement à ce moment précis de l'intrigue. Un twist qui apparaît également comme une manière pour Laugier de nous dire que «Non l'horreur est belle et bien réelle ici et il n'y a aucun moyen de se cacher pour y échapper !»
Le travail sur le maquillage s'avérait très certainement essentiel à la manière dont la déformation physique des personnages fait écho à la déformation de l'intrigue elle-même et force est de constater ici que celui-ci a su être effectuer d'une main de maître. Il en est également de même en ce qui concerne le magnifique travail sur les décors et la photographie. Avec un budget de 4,2 millions d'euros, Laugier est en effet parvenu à faire des miracles. La maison de poupées (glauque au possible) apparaît comme le lieu le plus propice à la réalisation des fantasmes les plus tordus et les plus malsains des deux dégénérés psychotiques. La tripartition de l'espace qui est effectuée par le biais de la scénographie s'avère extrêmement habile : d'un côté on a affaire à un réel véritablement cauchemardesque (celui de la maison à l'intérieur de laquelle les deux protagonistes ne sont plus que des poupées et par conséquent des sortes de jouets et d'objets soumis au bon vouloir de leur ravisseurs) tandis que de l'autre côté se trouve le réel salvateur (c'est à dire le monde extérieur où se trouvent les secours et qui fait ainsi office de délivrance) ; cependant un troisième espace intervient également ici et fait lui aussi office de délivrance momentanée, c'est bien évidemment l'espace onirique au sein duquel cherche à se réfugier le personnage principal pour fuir la réalité devenue dorénavant cauchemardesque.
Tous ces éléments en font ainsi un film très bien pensé et extrêmement bien construit aussi bien visuellement que scénaristiquement mais (et c'est peu dire !) également extrêmement éprouvant pour le spectateur...Âmes sensibles s'abstenir.

VHS1
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le 30 déc. 2018

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