Le film n’est pas une totale catastrophe comme il a pu souvent être décrit. Mais, avouons-le, difficile d’admettre que cette œuvre soit le travail du maître du giallo. Écrit par des Américains sortis de nulle part, on comprend mal que Dario Argento se soit engagé dans cette aventure qui se veut un hommage à un genre auquel il ne ressemble hélas jamais. Car, disons-le d’emblée, voilà un film qui porte bien mal son titre. Ou, en tout cas, qui induit en erreur son spectateur avec un délice fort mal placé. Giallo, c’est le « Jaune », couleur dont est affublé le tueur en série du film. Un type inintéressant au possible. Disgracieux, il porte son aspect physique comme une croix et en fait sa raison pour tuer des femmes, trop belles à ses yeux. Quand un thriller met en scène un tueur sans saveur et un policier sans charisme, il y a de grandes chances pour qu’il courre à sa perte. C’est principalement ce qui arrive ici dans un film sans suspense puisque l’identité de l’assassin est sans conséquence et les péripéties sans tension.
Giallo a, en fait, tout du petit téléfilm pour remplir les cases du dimanche après-midi. L’interprétation est, au mieux, approximative, la musique sans imagination, le scénario sans fil conducteur prenant. On ne s’ennuie pas totalement mais l’ensemble manque d’intensité et de suspense. Le duo formé par Adrien Brody et Emmanuelle Seigner ne fonctionne pas. Les quelques effets gore tombent un peu à plat. Les scènes de dialogue sont le plus souvent ubuesques. Le manque de budget transpire dans de très nombreuses séquences. La liste des griefs sont plutôt nombreux mais l'histoire se suit sans mal et quelques pistes sont agréables à suivre.
L’ensemble n’est pas ennuyeux et se laisse regarder mais, très clairement, voilà un film qui n’a pas sa place dans la filmographie de Dario Argento, lequel n’est jamais aussi passionnant que lorsqu’il écrit lui-même ses films et imagine des plans forts. L’aspect visuel est ici évacué et on ne retrouve jamais la patte du maître. C'est sans doute la raison majeure pour lequel le film a été autant rejeté aussi bien par la critique que par le public. Un film raté si l'on considère qu'il s'agit d'un film d'Argento mais qui reste cependant regardable si on parvient à mettre de côté cet élément. Dans les années 70 ou 80, voilà un produit d'exploitation qui aurait très bien fait l'affaire dans le cinéma italien. Quelques décennies plus tard, l'indulgence est évidemment moins forte.