« Gilda » fait partie de ces films davantage connus pour leur effet sur la pop culture, que leurs qualités intrinsèques. En l’occurrence, « Gilda » fit de Rita Hayworth un énorme sex symbol. Ce qui est parfaitement compréhensible quand on voit, d’une part, la prestation sensuelle et exubérante de l’actrice. D’autre part, sa célèbre robe noire et ses longs gants, qui servent pour une scène d’effeuillage osée pour l’époque, qui a du faire tourner pas mal de têtes (et de censeurs…).
Pour le reste, ce n’est malheureusement qu’à moitié convaincant. « Gilda » tente de se la jouer film noir, avec un trio que l’on devine maudit à l’avance : un chef de casino trouble, son fidèle second qui lui doit tout, et Gilda, femme fatale que le premier épouse mais que le second connait. Sauf que les relations entre les personnages sont à peine développées (le passé entre les deux protagonistes n’est jamais mis sur la table), et que l’intrigue peine à se réveiller. Passée l’ascension fulgurante du personnage débrouillard de Glenn Ford, il faut attendre près d’une heure pour que les choses bougent réellement. Tandis que les sous-intrigues (casino illégal, policier « infiltré », tricheries potentielles, réseau d’industriels clandestin) sont allègrement sous-exploitées.
De plus, la mise en scène est relativement statique. A part quelques numéros musicaux, ou le célèbre plan d’introduction de Gilda (« Are you decent ? »), c’est le calme plat. Jusqu’à un final néanmoins relativement étonnant :
un happy end dans une œuvre qui louche du côté des films noirs !
Pour l’anecdote, « Gilda » fera toutefois tellement d’effet, que lors des essais nucléaires de l’opération Crossroads, l’une des bombes sera nommée Gilda, et détonnera avec une photo de Rita Hayworth accrochée à elle ! Une initiative qui sera très peu du goût de l’actrice…