Ce premier long-métrage de la réalisatrice Shuchi Talati n'est pas mal mais sans plus. Nous suivons ici l'histoire d'une adolescente qui devient la proviseure de son école (sorte de déléguée ++ dans une école élitiste) mais qui est très vite déstabilisée par un autre élève dont elle tombe amoureuse. En parallèle de cela, elle vit une relation compliquée avec sa mère.
Alors c'est un sujet très intéressant car c'est un teen movie moderne même s'il se passe dans les années 90 et qui est avant tout à prendre dans son contexte, c'est-à-dire dans un internat situé dans l'Himalaya aux règles très conservatrices et surtout là où l'égalité homme/femme n'existe pas vraiment.
Nous sommes donc avant tout devant un film féministe mais pas au discours lourd, c'est-à-dire que le féminisme n'est pas simplement agité sous les yeux du spectateur, il passe encore une fois par le contexte mais également par les situations profondément injustes que vit l'héroïne. Elle fait en effet partie d'une institution où les hommes passent avant les femmes, où les femmes doivent avoir un comportement irréprochable tandis que les hommes peuvent faire à peu près tout ce qu'ils veulent sans craindre de répercussions (c'est d'ailleurs, pour moi, là que le titre que prend tout son sens : quelque soit le statu social des femmes, ces dernières seront toujours rabaissées à leur condition de femme). Et cela vaut également dans les rapports qu'entretient l'adolescente avec son nouveau copain ; ce dernier ayant déjà eu des aventures sexuelles et amoureuses assumées tandis qu'elle ne peut pas se le permettre.
C'est d'ailleurs là que la relation avec la mère rejoint le cœur de l'intrigue et n'est plus en parallèle avec cette dernière puisque le garçon vient passer une bonne partie de l'été chez l'adolescente et sa mère. L'héroïne est alors surveillée, constamment bridée par sa mère tandis que le garçon a le droit de tout. On a d'ailleurs une mise en place progressive d'une relation assez étrange, voire même quelques fois dérangeante entre la mère et le garçon, ce qui ajoute un élément de plus à l'intrigue sans pour autant donner l'impression de partir dans tous les sens.
Mais alors pourquoi ce film n'est pas complètement réussi ? Eh bien, de mon point de vue bien-sûr, le tout reste très plan-plan. La mise en scène par exemple, bien qu'elle soit réussie, reste très scolaire. De même que le rythme qui est finalement assez lent, faisant quelques-fois décrocher le spectateur. Puis le problème avec ce genre de film, ce que nous avons des scènes assez longues qui se la jouent film d'auteur mais qui n'apportent pas grand-chose à l'ensemble, ce qui est bien dommage !
Malgré ses défauts, "Girls Will Be Girls" est un film au propos intéressant mené par un très bon casting.