La suite tant attendue de Gladiator, chef d'œuvre de Ridley Scott, plonge le spectateur dans une Rome en pleine tourmente, deux décennies après les exploits de Maximus.
Le film s’ouvre sur une scène de bataille navale magistrale, qui ne se contente pas de choquer par son intensité visuelle : elle marque le début des tensions et des conflits internes d’un Empire sur le point de se fracturer. Par cette ouverture explosive, Ridley Scott pose les bases d’un récit où la violence et la soif de pouvoir apparaissent sous un jour plus impitoyable encore.
L’histoire reprend avec Lucius/Hanno, fils de Lucilla (et de Maximus), tout juste brisé par la mort de sa femme, tuée au combat par l'armée romaine. Captif, Lucius se retrouve jeté dans une arène, dans un affrontement sanglant contre une horde de.... singes féroces. Le spectacle est brutal, impitoyable, et ancre définitivement cette suite dans l’ambiance épique du premier opus. Peut-être trop... L’un des points faibles du récit, réside dans la façon dont le destin de Lucius suit, presque sans variation, celui de Maximus. En calquant presque intégralement son parcours sur celui de Maximus, Gladiator II recycle les grandes lignes du récit original, et rate l'opportunité de se réinventer véritablement.
Visuellement, Gladiator II nous offre une dose ininterrompue de batailles intenses, de corps à corps sanglants, de flèches sifflantes et de coups d’épée. Si l’on retrouve l’esthétique caractéristique de Gladiator, ce second volet parvient aussi à nous surprendre avec des scènes spectaculaires, comme la bataille navale dans un Colisée partiellement inondé, où des requins dévorent impitoyablement les gladiateurs tombés à l’eau.
Entre les animaux sauvages et les gladiateurs réduits en morceaux pour divertir la plèbe romaine assoiffée de sang, la Rome antique est élevée à autre niveau de cruauté !
Cependant, on notera un manque d’engagement émotionnel du spectateur vis-à-vis du destin de Lucius.
Bien que le personnage soit confronté à des situations périlleuses et des adversaires redoutables, l'intrigue ne parvient jamais à nous faire douter de son destin. Lucius semble invincible, et malgré l’intensité des combats, cette absence de vulnérabilité atténue la tension dramatique qui aurait pu rendre ces scènes encore plus marquantes.
Le deuil de sa femme, moteur de sa rage vengeresse, aurait également mérité un traitement plus approfondi. Des flashbacks sur leur relation auraient pu renforcer notre attachement.
Lucius, semble trop sûr de lui, et on regrette un manque de suspense dans l’arène.
La bande sonore qui dans le premier film contribuait largement à l’intensité des scènes, peine ici à se réinventer. Elle séduira les nostalgiques sans doute, mais est loin d’apporter la même émotion que celle du premier opus. Une faiblesse d’autant plus regrettable que cette suite aurait mérité une signature sonore tout aussi marquante.
Au-delà des combats, Gladiator II réussit à raviver l’atmosphère de complots et de trahisons qui caractérisait le premier film. Cette tension politique atteint son climax dans une révolte populaire, où le peuple Romain se soulève face à l’injustice faite à Acacius et Lucilla. Ce soulèvement rappelle que le destin de Rome ne repose pas seulement sur l'empereur, mais aussi sur le courage et la résistance du peuple.
En conclusion, Gladiator II offre un retour visuellement captivant dans l’univers de Gladiator. Malgré ses nombreuses qualités, il manque de profondeur émotionnelle, de suspense, et d'originalité dans son développement narratif. Cependant, il demeure un divertissement de qualité pour ses combats sanglants et ses intrigues politiques. Il propose une fresque divertissante, que l’on prendra sans doute plaisir à revoir. Ce retour à l’arène, bien que puissant et immersif, laisse le spectateur en quête de l'étincelle qui aurait pu le rendre inoubliable.