Gladiator II
5.5
Gladiator II

Film de Ridley Scott (2024)

Franchement j’ai suivi Ridley dans nombre de ses délires, j’ai même réévalué ses deux prequels d’Alien que je trouve absolument fascinants. Mais ici c’est la démarche absolument inverse. A savoir que Scott nous sort un bon legacyquel comme c’est à la mode sans jamais donner l’impression qu’il a autre chose à raconter sur son film emblématique. C’est bien simple, Gladiator II est un décalque du premier volet dont il emprunte la structure narrative, les grands moments et sans oublier toutes les citations possibles (flashbacks, répliques, le thème principal évidemment qui revient).


Alors ça pourrait encore aller si c’était bien fait. Mais hélas c’est un beau foirage. Narrativement, ça ne se tient absolument pas. Le personnage principal incarné par Paul Mescal (qui ne fait rien d’autre que tenter d’avoir l’air badass avec sa bouche entrouverte en permanence) n’est qu’une vague imitation de celui de Russell Crowe. Si Maximus fonctionnait si bien, c’est parce qu’il était caractérisé à la perfection durant la première partie du film, rendant sa chute d’autant plus terrible. Ici le film brûle les étapes et semble vouloir répliquer le schéma sans jamais lui donner la moindre substance. Le mec devient un combattant hors-pair et un leader incontesté sans que ça ne soit jamais justifié, proclamé leader des gladiateur juste parce qu’on fait deux blagues sur lui. Il veut se venger, puis finalement non, en veut à sa mère, puis finalement non.


La progression du perso est complètement artificielle. Et toute l’écriture du film pâtit de cette écriture dévitalisée et bâclée. Le perso de Denzel Washington se veut complexe mais ses machinations n’ont aucun sens, surtout à la fin où je ne comprenais à aucun moment ce que le perso foutait ni pourquoi. Un vrai Littlefinger du pauvre. En parlant de GoT, on a deux empereurs en ersatz de Geoffrey et ça n’est pas bien glorieux. Le perso qui s’en tire le mieux doit être celui de Pascal mais même là c’est maigre. Puis on n’arrête pas de nous parler de la tyrannie, de la chute de Rome mais rien n’est montré, on ne voit jamais le peuple (même par rapport au premier j’ai l’impression). La narration, le propos, tout est juste complètement dévitalisé et ça ne tient que sur des citations du premier - ah le “rêve qui s’appelait Rome” on en bouffe - et des discours bien pompeux.


Je parlais de Mescal qui est bien fadasse mais toute l’interprétation du film me pose question. Particulièrement celle de Washington pour qui j’ai bien du mal à comprendre les louanges qui lui sont faites. Le mec est en total roue libre et semble avoir reçu pour seule consigne de faire des trucs chelous et de prononcer des mots bizarrement pour se donner un air intrigant. Les deux empereurs sont clownesques, pareil je ne comprends pas le projet, ça tranche complètement avec le ton solennel du film. Mais au mois ça le rend parfois très drôle, je me demandais quand même souvent si Scott ne trollait pas volontairement son public - ça ne serait pas si étonnant - ou si vraiment il n’en a plus rien à battre.


Restent les scènes de bataille qui sont clairement et de loin ce que le film a à offrir de mieux. J’ai même plutôt bien apprécié l’ampleur destructive de cette scène de bataille d’ouverture, de loin le meilleur passage du film. Après cela on a quelques beaux moments de bravoure un peu sanglants et bourrins dans le Colisée mais rien non plus d’exceptionnel, les idées les plus créatives ne sont pas exploitées à fond (les bateaux) et, tout simplement, ça n’apporte pas grand chose par rapport à ce que faisait Scott vingt ans avant dans les mêmes décors. Tout l’écrin visuel du film me semble complètement anecdotique, à part quelques plans un peu léchés j’ai du mal à reconnaître le Scott esthète que j’adore et la photo (pourtant du même DP que le premier film) est bien fadasse.


Je ne m’attendais tout de même pas à un tel échec. Mes attentes n’étaient pas stratosphériques mais j’aurais au moins aimé un divertissement solide qui remette un peu le péplum sur le devant de la scène. Mais tout cela pue le bâclage et l’opportunisme. Scott, même sur sa fin de carrière, vaut normalement bien mieux que ça.


Dondus meilleur personnage cependant.

Yayap
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Ridley Scott, Voir des films et puis mourir - 2024 et Les meilleurs films de 2024

Créée

le 14 nov. 2024

Critique lue 39 fois

2 j'aime

Yayap

Écrit par

Critique lue 39 fois

2

D'autres avis sur Gladiator II

Gladiator II
Behind_the_Mask
8

Il n'est jamais Commode de réaliser une suite

Ridley Scott est donc devenu à son tour une tête de turc.A peu près depuis Prometheus, parce qu'il osait inscrire la saga Alien dans une direction apportant du sang neuf qui a profondément défrisé le...

le 14 nov. 2024

48 j'aime

13

Gladiator II
EricDebarnot
6

Bis Repetita Non Placent !

S’il y a une chose dont le monde n’avait pas besoin, c’est bien d’un « sequel » de Gladiator, l’un des derniers véritables bons films de Ridley Scott. D’ailleurs, les latinistes ne se priveront pas...

le 14 nov. 2024

46 j'aime

1

Gladiator II
Tex_AS
3

ARE YOU NOT ENTERTAINED?

Oui, j'ai été diverti et oui, c'est de la daube. A l'instar de plusieurs réalisateurs au cynisme sans limites, Ridley Scott a compris que les seul critère d'évaluation des spectateurs philistins...

le 11 nov. 2024

34 j'aime

8

Du même critique

Shadow of the Colossus
Yayap
10

Soudain, le vide

Il y a certaines oeuvres dont l’aura semble inévitable. Shadow of the Colossus est de celles-là. Depuis sa sortie initiale en 2005 (2006 dans nos contrées) sur PS2, le jeu s’est vu canoniser...

le 13 févr. 2018

31 j'aime

1

Once More ’Round the Sun
Yayap
8

Taking the High Road

Au fil des années, Mastodon s'est peu à peu créé une place de choix sur la scène metal mainstream mondiale, au point d'en devenir l'un des (le?) gros groupe les plus intéressants actuellement en...

le 30 juin 2014

16 j'aime

Appelez-moi DJ Rebel
Yayap
4

Toi aussi affirme ta rebelitude

Du lourd. Vraiment. Ils se sont surpassés chez Disney Channel. Dès l'intro, tu es dedans à fond : un animatrice radio mystérieuse balance des messages trop subversifs, appelant les élèves à ne pas...

le 18 juin 2013

16 j'aime