Maximus parvus maior Maximo vult sed Maximus parvus minimum manet.

Bien sûr que j'ai soufflé du nez et pas qu'un peu ! Comment voulez vous faire autrement quand Ridley Scott a transposé la mentalité américaine dans le Principat ? Le film n'est qu'un long foutage de gueule qui n'est pas seulement historique, ce serait trop facile, il faut en plus qu'il soit mal écrit.

Afin de vous donner le niveau magnifique d'aberration historique qui se trouve sous vos yeux ébahis, la première date, l'invasion de la Numidie en 200 est absconse car possession romaine depuis presque 250 ans, le dernier adversaire de valeur étant Jugurtha. C'est même une des provinces les plus prospères de l'Empire ! En cinq minutes j'ai déjà levé un sourcil d'étonnement. Ce n'est pas comme si l'information était entièrement disponible en ouvrant les premières pages d'un livre sur l'histoire antique ! Après cela nous passerons outre sur les singes tueurs hybrides xénomorphes (sic), un romain assis à une table lisant un journal (sic), les dernières paroles de Maximus gravées en anglais (sic), les innombrables erreurs de reconstitution d'un Colisée qui cherche à dire toujours plus et "oh vous avez vu, il y a des requins dans ma naumachie, aimez mon film siouplaît" (sic). Bref, c'est un bordel permanent.

Et qu'on ne vienne pas me rapprocher l'argument du "Ouais mais Gladiator était un super film mais il est pas réaliste". C'est vrai. Sauf que Gladiator, bien que très peu réaliste avait le mérite d'ancrer un tant soit peu son histoire sur des bases historiques cohérentes comme une campagne contre les peuples germaniques et pas contre une de ses propres provinces ! Mais il faut bien représenter l'Afrique dans cette époque contemporaine. C'était obligatoire. Ensuite Gladiator avait le mérite d'être bien écrit et de ne pas faire de non-sens trop important. L'objectif de Maximus est plus d'imposer un empereur légitime que de remplacer le système impérial par la République contrairement aux désirs sans cesse fluctuants de Lucius.

Et les personnages, parlons-en:

Ils font de Marc Aurèle un démocrate pour asseoir un bon droit ! C'est aussi con de dire d'un philosophe stoïque qu'il redoute la mort ! Pour ce qui est des deux empereurs Greta et Caracalla, nous avons le droit à une caricature stupide de Commode digne d'un élève de maternelle avec la subtilité que cela implique. Ce sont deux idiots indigents, manipulables, assoiffés de sang et incapables de faire quoi que ce soit sans pousser des cris indignés d'adolescents demeurés. Même Macrin, joué par un Denzel Washington plutôt convaincant, n'a que peu de mérite à accomplir son ascension tant les deux empereurs sont ridicules. Le général Acacius, par ses valeurs triomphantes, est digne de s'engager dans l'US Army, le Star and Stripes derrière. C'était un bon coup d'état après tout et seul l'armée est susceptible de faire évoluer une situation figée ainsi que de favoriser le retour de la démocratie (sarcasme). Pour ce qui est du reste des personnages issus du premier opus, laissez moi vous donner une petite analyse :

Il est d'ailleurs fantastique de constater l'inutilité du premier opus. Étant donné que Lucilla exile son fils pour sa propre sécurité, le sacrifice de Maximus est vain puisqu'il n’empêche pas le rétablissement d'autres empereurs fous. L'éternité a parfois un goût d'échec. Je ne mentionnerai pas non plus la reprise des mêmes éléments scénaristiques du premier opus mais augmentés parce que c'est un blockbuster. Il faut faire plus fort mais jamais plus intelligent ou poser d'autres questions voire aborder des thématiques différentes. C'est pourquoi je regrette le fait que ce film soit dans la continuité du précédent et qu'il ne prenne pas des chemins différents.

Enfin, on peut se poser la question de l'intérêt de filmer une Rome antique fantasmée sans tenir compte de la période, des décors et surtout de la mentalité. Si les États-Unis adorent la Rome antique et que ces derniers ont des points communs (pas ceux que l'on croit, le public américain a une certaine propension et même une propension certaine à l'inculture) alors autant filmer les États-Unis. Je suis persuadé qu'il y aura de la matière pour ce Ridley Scott vieillissant.

Pour conclure Gladiator II parvient à offrir un spectacle dispensable d'une surprenante médiocrité alors pouce en bas si Ridley Scott sait au moins que ce geste n'a jamais existé.