3 ans après l'excellent "A couteaux tirés", Ryan Johnson retrouve Daniel Craig pour une nouvelle aventure du détective Benoit Blanc. Gros cadeau de Noël pour les abonnés Netflix puisque la plateforme a mis le paquet pour s'offrir ce second opus (ainsi que le troisième en préparation).
Ryan Johnson m'impressionne dans sa volonté de fuir la facilité. Même dans un genre établi, il veut toujours déconstruire, surprendre, proposer quelque chose de neuf au spectateur quitte à l'énerver. Un roublard le Ryan mais talentueux et esthète.
Haï pour avoir "cassé" Star Wars avec les "Derniers Jedi" (et on l'en remercie !), "A couteaux tirés" lui avait permis d'investir le whodunit cher à Agatha Christie avec cette même profession de foi respectueusement désacralisante. Un vrai plaisir à l'ancienne qui fonctionnait aussi comme auto-réflexion sur le genre investi.
S'il joue des codes encore une fois et réserve un twist à mi-parcours, "Glass Onion" revient cependant à une formule plus classique et remet les chaussons des Hercule Poirot et consorts. Ici, c'est sur l'île d'un proto-Elon Musk qu'un meurtre va avoir lieu entre amis riches, célèbres et cons.
Filant à une allure dingue, le film embarque complètement dans son intrigue tortueuse jusqu'à sa jouissive conclusion. Acide, Johnson épingle via des personnages haut-en-couleur et un luxueux casting notre époque, celle qui érige les pires abrutis en modèles de réussite. Et si la critique semblera facile et attendue, moi ça me fait toujours plaisir qu'on tape sur ce gota méprisant, égocentrique et inutile.
Dans une cossue direction artistique, multipliant les points de vue, jouant des angles et des transparences permises par le cadre de son action, Johnson offre un bien beau divertissement mené tambour battant à la fois drôle, fun, et malin. Le genre de grosse production qu'on adore, tournée vers le plaisir de son spectateur, flattant l'oeil comme l'intellect.
"Glass Onion", du cinéma champagne idéal pour les fêtes. Vous en prendrez bien une coupe ?