Cinq bacarrat pour un tableau à deux couches: mi-chef-d'oeuvre policier, mi-propagande.
Observons la scène du crime de plus près ...
1- Mona Lisa, l'énigmatique Joconde
Au niveau de lecture heuristique, c'est à dire en surface, au niveau le plus simple et naïf, L'oignon de glace est une friandise de polar, une intéressante variation d'Ils étaient Dix (petits nègres) voire même de sa réécriture par Pierre Bayard (qui au passage vaut bien plus le clin d'oeil que ce film car par plus édifiant).
Revirements de situations, coups de théâtre inspirés de la Reine du Polar (le premier meurtre qui mêle première mort d'Ils étaient dix petits nègres et du Miroir se brisa reprend la fameuse règle n°1 de Miss Miller: qui devait mourir empoisonné mais survit est en général l'assassin).
Plus encore - et cela est annoncé par le design du titre - la narration et mise en scène à la Quentin Tarantino: en deux temps, avec ajouts d'informations cachées, mise en scène esthétisée des morts et carnage final.
Et même un petit effet Nolan avec la théorie du Chaos: tous les détails, toutes les pièces qui s'assemblent à certains moments forts.
Plus un bel hommage à Angela Lansbury, à son Arabesque, battant Blanc à plate-couture: une belle sortie pour cette actrice iconique, dont c'est là la dernière apparition avant sa mort.
Plus enfin, l'effet À couteaux tirés 2: le meurtre résolu avant le vrai meurtre et qui doit déboussoler.
Bref, au niveau heuristique: un chef-d'oeuvre policier qui, certes, tire un peu sur la science-fiction.
2- Mona Lisa brûlée, la Joconde de coupe inversée
Donc à première vue ... pas de crime, pas de cadavres dans les placards.
Affaire classée !, s'exclamerait l'Inspecteur Clouseau.
Mais il y a un détail ... l'aviez-vous vu ? Avez-vous observé attentivement ?
Janelle Monáe alias l'Electric Lady, que l'on avait plus revu sur les écrans de cinéma depuis ... un certain Antebellum.
Oui, on va encore me le reprocher tant le coupable du meurtre ne doit pas être désigné: celui dont on ne doit pas prononcer le nom ... ou les noms car, comme le Diable, il est légion: Bienpensance, SJW, Wokisme, #MeToo, Black Lives Matters, LGBTQ+++, "air du temps", etc.
C'est en s'enfonçant sous la surface, en grattant le vernis quatre étoiles du palympseste pour arriver à la substantifique moelle, à la lecture herméneutique, que l'on révèle le véritable message du film.
Les indices étaient là, dispersés partout: un seul mâle blanc hétérosexuel faisant tourner tout un monde de femmes et d'hommes de couleurs qui marche à la baguette, au sifflet. Le même, pseudo-victime potentielle, qui veut cacher derrière un crime son crime: celui de la femme noire dont il usurpe le prestige ! Et, avant cela, une Kate Hudson en caricature de la beauf anti-woke (au service donc du wokisme) et un Benoît Blanc homosexualisé en couple avec ... Hugh Grant ! ("Ciel, c'est totalement inconvenant !)
Puis le grand final où l'on déboulonne et brise les statues de cristal, où les complices du méchant Weinstein-like sortent du silence et libèrent la parole et où l'on détruit les chefs-d'oeuvres du vieux monde pour un monde nouveau (tout en en accusant le dit méchant) !
Daniel Craig reste le héros sur la touche qui ne sert qu'à combler quand l'héroïne mène l'enquête et la laisse détruire le repaire du grand méchant mégalo et voleur d'oeuvres d'art patrimoniales: bref, il redonne dans le No Time To Die mais SPOILER ! survit à la fin du métrage !
VERDICT
Un excellent polar dans les veines mêlées d'Agatha Christie, Quentin Tarantino, Christopher Nolan et Rian Johnson ...
.... Mais aussi le pire de ce dont Rian est capable: une propagande woke éhontée, portée par l'un de ses porte-paroles récents.
Restez en surface pour l'apprécier: si vous percez le mystère, soyez dans "l'air du temps" ou vous serez la victime de ce Cluedo 2.0 made in ère Covid.