Langage des dignes
Le nouveau film de Robert Guédiguian, éternel et légitime indigné face à l’injustice sociale, est une fresque fragmentée sur un monde en morceaux. Cela explique sans doute que s’y côtoient des...
le 22 déc. 2019
23 j'aime
2
Lorsque j’entends parler de Guédiguian, une petite lumière s’allume en moi. Me reviennent les tendres souvenirs de Marius et Janette évidemment.
Malheureusement, j’ai vu plusieurs Guediguian depuis. Et je fais le constat que ce réalisateur est finalement assez limité et que Marius et Janette était probablement un heureux accident.
J’ai encore donné sa chance à Gloria Mundi après voir lu le pitch (un peu), parce que c’est un Guediguian (surtout), et que je vais retrouver un casting familier.
Hélas, mon regard s’est affûté depuis le Marius et Janette de 1997, et ce Gloria Mundi souffre d’une mise en scène définitivement plate et sans imagination.
S’agissant du cadre (Marseille) et du casting (Ascaride, Meylan, Daroussin...), c’est un peu le syndrome des chaussons qu’on conserve parce qu’on est bien dedans mais sans se rendre compte que les années ont passé et qu’il serait temps de les changer. Là où certains loueront la fidélité du réalisateur, je vois finalement une certaine paresse.
À côté des habitués qui font le job, on notera qu’Anaïs Demoustier s’en sort pas trop mal, en tentant de « casser son image ». Mais ce n’est pas le cas de Grégoire Leprince-Ringuet et Lola Naymark qui souffrent de la comparaison, sans doute à cause de leurs personnages qui sont vraiment mal écrits.
La plus grande faiblesse du film tient effectivement dans son scénario.
De Loach aux frères Dardenne, on en a déjà vu des tableaux de la misère sociale, parfois un peu excessive. Mais ce Gloria Mundi est desservi par la maladresse de Guediguian…
Plusieurs ressorts sont peu crédibles : A.Demoustier qui s’éprend soudainement du mari de sa demi-sœur, R.Stevenin qui veut absolument conduire son taxi alors qu’il a encore des broches dans le bras...
La lumière est censée venir de G.Meylan, ex-taulard devenu philosophe et poète. Mais là encore, c'est bancal car il est tellement vertueux qu'on se demande bien comment il a pu atterrir en prison (d'ailleurs ça n'était pas sa faute...)
Et on frise le grotesque avec la partie de selfie coquine...
Au final, on reste sur cette impression, un peu gênée, d’un film assez médiocre mais qu’on ne veut pas descendre parce que c’est Guediguian.
Robert Guédiguian est attachant parce que c’est un artisan du cinéma français, mais est-ce suffisant pour lui pardonner tant de maladresses ?
Créée
le 6 juin 2024
Critique lue 71 fois
D'autres avis sur Gloria Mundi
Le nouveau film de Robert Guédiguian, éternel et légitime indigné face à l’injustice sociale, est une fresque fragmentée sur un monde en morceaux. Cela explique sans doute que s’y côtoient des...
le 22 déc. 2019
23 j'aime
2
Les Belges ont les frères Dardenne, les veinards. Les Anglais ont Ken Loach, c'est un peu moins bien. Nous, nous avons Robert Guédiguian, c'est encore un peu moins bien. Les deux derniers ont bien...
Par
le 4 déc. 2019
17 j'aime
10
GLORIA MUNDI (15,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2019, 107min) : Pour clôturer cette journée exceptionnelle au Festival du film francophone d'Albi Les Oeillades, Gérard Meylan est venu présenter et...
Par
le 27 nov. 2019
14 j'aime
2
Du même critique
J’ai cette manie d’être attiré par les petits films d’auteurs qui traînent une odeur de soufre.Donc, j’avais vu Grave dont je tirais le bilan suivant : pas mal fait, délibérément provoc’, globalement...
le 23 oct. 2024
1 j'aime
Malevil a été écrit avant la saga des Fortunes de France. Mais on y sent déjà l’intérêt de Robert Merle pour le contexte moyenâgeux.Son récit se déroule assez largement dans le château de Malevil où...
le 14 déc. 2024
Le précédent film de Debra Granik (Winter Bone) m’avait laissé un souvenir âpre mais touchant, avec une interprétation convaincante de la Jennifer Lawrence d’avant Hunger Games.Pour Leave no trace,...
le 14 déc. 2024