Amusante coïncidence, j'ai vu "Glory" le lendemain de "11 Minutes", ce qui m'a permis, lors de mon weekend du 1er mai, d'assister à un improbable mini festival du film horloger d'Europe de l'Est. Mais la comparaison avec "11 Minutes" s'arrête là, car ces deux films n'ont en commun que de fréquents gros plans sur des montres.
"Glory" est une fable grinçante sur le pouvoir et la corruption. Dans une Bulgarie actuelle, dont les paysages urbains et ruraux ressemblent à ceux de la France des années 1980, un humble cantonnier va se faire instrumentaliser tour à tour par le Ministère des Transports, puis par un journaliste peu scrupuleux. Son fait d'armes : avoir restitué un gros paquet de biffetons qu'il a trouvé lors de sa tournée d'inspection des voies ferrées. Les déboires de cet homme simple, mais honnête, serviront dans tout le film de fil rouge pour montrer au spectateur une société cynique, profiteuse et corrompue. En Bulgarie, certes, mais l'on ne voit pas ce qui empêcherait de transposer ce pitch dans d'autres pays de l'Union Européenne, cette dernière étant d'ailleurs évoquée dans le film, à travers un plaisant clin d'œil.
Il y a dans "Glory" un second personnage important, en la personne de Julia Staykova, la chargée de relations publiques du Ministère des Transports. En s'attardant sur le personnage de cette oligarque, les réalisateurs s'en donnent à cœur joie pour ce qui est de décrire une caste totalement hors sol : névrosée, autoritaire, manipulatrice, totalement obnubilée par sa tâche, Julia (fort bien interprétée au demeurant) a par ailleurs recours aux services de la technologie médicale pour essayer d'avoir un enfant, ceci étant parfois difficilement compatible d'avec la disponibilité que requiert le traitement médiatique de l'affaire du cantonnier.
Il ressort de tout ça un film assez sympa, plutôt dépouillé dans sa forme (pas de musique). Et bien que vendu par la critique comme une comédie, je ne l'ai pas trouvé forcément très drôle : on ne rit pas aux larmes. Mais, rien à dire, c'est bien envoyé.