Mais que c'est long, que c'est lent. Certes les images de la nature islandaise sont somptueuses, mais le format carré de la pellicule ne permet même pas au spectateur de tirer avantage de vues panoramiques. Geste esthétique, certainement pour faire référence aux photographies d'époque ? Sans doute, mais totalement gratuit et n'apportant rien à l'une des principales qualités de film, qui tient dans la rude beauté des paysages. Et que dire des travellings insupportablement longs (et prétentieux) que nous inflige régulièrement Palmason, le summum étant atteint au moment de la scène de la fête du village, avec un travelling circulaire qui dure plusieurs minutes, sur un air d'accordéon, certes entrainant.
Et les personnages ? Il y aurait sans doute eu quelque chose à faire avec ce Pasteur qui va se perdre au fin fond d'un fjord paumé. Mais ça reste inconsistant et finalement assez peu crédible. En plus, le gars - une fois rasé - ressemble à Macron (j'y ai pensé sans arrêt et croyez le, j'ai eu le temps d'y penser), tant d'ailleurs de visage que dans son acharnement quasi psychotique à s'ériger en guide moral d'une communauté qu'il ne comprend pas et qui ne le comprend pas. Et les personnages secondaires sont également assez peu fouillés : on ne comprend pas très la haine tenace qu'éprouvent le pasteur et Ragnar l'un envers l'autre (peut-être une allégorie des relations dano-islandaises), on se demande un peu ce que le père des deux filles fout là dans sa maison bourgeoise au lieu d'être à Copenhague. Seuls les deux personnages féminins (Anna et Ida) surnagent un peu, portés par leurs interprètes.
Au final, presque deux heures trente non pas tant d'ennui que de visionnage passif et dépourvu d'émotion comme de réflexion. La seconde partie (après le voyage) est ratée car les événements s'enchainent de façon chaotique et sans véritables signes annonciateurs. Le spectateur attend le décollage, mais l'avion reste scotché sur la piste. Il y avait pourtant le matériau de base pour nous faire une bien belle descente aux enfers - façon Graham Greene avec "La puissance et la gloire" par exemple - et non pas ce truc sans relief. A croire que la sobriété protestante aura pris le pas sur l’exubérance catholique. Pour en retenir malgré tout du positif, je conclue en mettant en avant la beauté des images et, tout de même, la prise de risque du réalisateur.