Qu'est ce qu'on ne ferait pas pour notre bon seigneur...

Premier film de Pálmason que je vois, une chose est sure, il sait manier la caméra.

Godland c'est avant tout la mise en scène de paysages naturels islandais à couper le souffle. Le prétexte de la photographie s'y porte en effet à merveille pour réaliser ces plans "époustouflant de beauté"... Mais ce n'est pas seulement un film contemplatif puisque Pálmason met également en scène la vie reculée des islandais ruraux et parvient à leur donner un caractère qui correspond parfaitement à des gens proches d'une nature sans pitié et loin de l'érudition.

Ces personnages sont tiraillés entre vice et vertu ce qui va créé des tensions internes qui n'éclaterons pas avant la fin du film. Ces tensions sont notamment soulignées par la barrière du langage (danois et islandais), ce qui résulte d'une compréhension que partielle entre les personnages. La communication n'est pas facile, alors on parle peu, mais on montre beaucoup...

Le personnage de Lucas est un prête, il doit alors incarner une certaine sagesse qu'il est en fait incapable de tenir. Il est à ce propos caractérisé, je crois, par l'incertitude et la peur. Il a peur de la nature, peur de communiquer, peur des gens, peur de ne pas être à la hauteur... Mais il semble pourtant détenir une certaine confiance en lui, ce qui en fait un personnage à la fois mystérieux et très sérieux, mais qu'on nous montre quand même dans ses plus grands moment de faiblesse tout au long du film. Cette peur grandit à mesure que l'on avance avec lui dans son périple, et quand elle n'est plus supportable, il faut prendre la fuite... La détérioration de l'esprit de Lucas est maintenue et alimentée tout au long du film ce qui fait que malgré sa longueur et ses plans parfois très contemplatifs, on ne s'ennui pas une seule seconde.

Pour moi c'est une grande réussite, un film magnifique qui donne envie d'aller finir ses jours dans un champ perdu au fin fond de l'Islande...

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le 6 mars 2023

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