Rétrospective #26 : Godzilla, Mothra and King Ghidorah: Giant Monsters All-Out Attack (2001)

Début 2001, malgré le succès relatif de Godzilla x Megaguirus et son accueil critique modéré, la Toho poursuit l’ère Millenium avec un nouvel opus au titre aussi long que le monstre qui en est la star (aussi vais-je utiliser GMKG pour faciliter les choses dans cette rétrospective). Au fil des développements, plusieurs monstres déjà apparus dans des opus antérieurs sont ajoutés au projet, en particulier Mothra et King Gidorah, jugés suffisamment bankables pour assurer un hit au box-office.

Si le film choisit encore d’être une suite directe au film original, il marque toutefois le retour d’une dimension plus fantastique et mystique, après de nombreux films qui lorgnaient plus volontiers du côté de la science-fiction - bien que pleine de libertés. Dieu merci, ils ont eu le bon goût de ne pas faire revenir les jumelles qui ont fortement contribué au malaise des pires Godzilla. Bien que suite directe à l’OG, ça n’empêchera pas GMGK de réutiliser, comme dit plus haut, de nombreuses propriétés de la licence sans toutefois oublier de les recontextualiser. Si leur exploitation s’arrête là, l’ombre de l’adaptation américaine plane cependant toujours.

À sa sortie, le film est salué par le public et cartonne au box-office japonais. À dire vrai, il sauve presque la franchise de la noyade en devenant un des plus gros succès de l’année là-bas, de quoi rassurer la Toho et la convaincre de poursuivre l’aventure Godzilla encore un temps.

Le traumatisme reste palpable au Japon, cinquante ans après l’attaque du monstre dénommé Godzilla. Il l’est tellement, que la tragédie continue même d’être analysée au sein de l’armée japonaise. C’est au cours d’une de ces analyses - notamment son penchant pour le nucléaire - que l’armée apprend la disparition d’une ogive au fond de l’océan. Les soupçons sur le monstre qui avait terrorisé le Japon semblent se confirmer lorsqu’une créature gigantesque est repérée dans les abysses. En parallèle, un énorme cocon est apparu au large du pays.

Effectivement, j’ai trouvé cet opus bien meilleur comparé aux précédents.

Le look des monstres a un peu évolué, surtout Godzilla. On a là une créature à nouveau imposante, sauvage et effrayante, notamment à cause de ce regard. Sa puissance destructrice retrouve un caractère on ne peut plus sinistre, apocalyptique.

Il est toutefois regrettable que les monstres n’aient pas bénéficié de textures plus travaillées, résultat les gros plans font honteusement cheap alors qu’en parallèle je note de sacrés efforts de production pour rendre tout ça très dynamique, cinématographique.

Il y a une petite quête de diversité dans les plans sur les monstres, notamment dans l’éclairage avec ces passages où des spots qui bougent viennent éclairer nos monstres en même temps que les bâtiments de la scène, comme pour mieux les ancrer dans la réalité.

C’est vraiment appréciable cette qualité de production, que je n’avais pas revu depuis Godzilla vs Destroyah. Les opus précédents avaient également tenté quelques coups de folies visuelles, mais c’était souvent loupé. Là on a enfin mis les pieds dans le XXIe siècle avec un mélange bien mieux équilibré (minus quelques anicroches) des technologies et techniques de mise en scène pour donner vie à ces bébêtes grandes comme des immeubles. Mothra n’a jamais été aussi bien animée et franchement c’est tout de suite plus appréciable. Je ne serai pas aussi positif sur King Gidorah mais l’évolution reste très appréciable quand on se rappelle l’animation plus que limitée dans ses apparitions précédentes.

Les effets numériques restent pas terribles malheureusement, mais ils sont suffisamment mélangés au reste pour que ça ne me sorte pas totalement du film. Les effets pratiques sont en revanche impressionnants, avec beaucoup de décors miniatures larges et détaillés, de supers effets pyrotechniques et une mise en scène soignée. Idem pour les scènes sous-marines qui contrastent celles du film précédent. La dernière est d’ailleurs la plus sympa.

Côté plot par contre j’avoue que ça m’a paru un peu confus par moments à cause de mes souvenirs des opus précédents, d’autant que j’ai eu le malheur de me taper une version anglaise au doublage à la qualité assez douteuse, ne serait-ce que par l’absence complète de spacialisation (toutes les voix sont en mono, bien centrées - ça casse l’immersion).

Parce qu’il n’accorde pas beaucoup d’importance à ce que les spectateurs ont bien pu retenir des 25 films antérieurs, le film choisit de régurgiter du lore en redistribuant librement les cartes, n’ayant pas à se soucier de la continuité avec ces derniers mais faisant l’erreur de parfois donner l’impression que si. Ainsi, King Gidorah n’est plus un ennemi venu de l’espace ou un monstre génétiquement modifié par les humains, mais une créature légendaire formant un trio avec Baragon et Mothra, trio destiné à être réveillé si Godzilla devait revenir attaquer le Japon.

Une réveil dont les humains devront s’acquitter par le biais de petites quêtes annexes et hélas, ce n’est pas toujours très fluide, d’autant qu’en parallèle on apprend que l’agressivité de Godzilla est liée à une backstory proche d’une histoire de fantômes, puisque c’est le déni des crimes commis par l’armée japonaise pendant la Guerre du Pacifique qui hante notre montre principal et le rend particulièrement vindicatif.

Une complexification du lore qui ne devrait pas être pour me déplaire, mais qui malmène parfois mes connaissances de cette dernière qui alterne d’un film à l’autre et n’a, pour ainsi dire, vraiment plus aucune importance. Une observation qui semble presque répétitive mais qui déclenche par corollaire une seconde observation, beaucoup plus intéressante : en fait... ça n’est pas peut-être plus mal.

Pour une franchise qui a accompagné plusieurs générations, la continuité n’a désormais d’importance que dans un unique cadre intra diégétique volontairement établi et restreint : celui qui lie le nouvel opus au film original, rien d’autre.

Le reste, c’est du lore en sommeil qui ne demande qu’à être réutilisé.

Pourquoi diable toujours essayer de tout lier ? De toute évidence, l’humanité serait tombée dans la folie complète depuis bien longtemps si de telles créatures venaient empiéter nos plates bandes tous les quatre matins. Alors qu’à cela ne tienne : on se sert de l’héritage du premier, on pioche dans le lore déjà préexistant, et on sert une nouvelle semoule au goût du jour avec une dose de mystère à mesure que les évènements du film original s’éloignent de notre temps. Tous les ingrédients sont là, la recette est bien définie, il suffit de ne pas se louper dans le dosage.

C’est là que ce GMKG réussit mieux que les deux précédents et devient, de facto, le meilleur opus (so far) de l’ère Millenium, et peut-être un des plus réussis de la franchise.

Chernobill
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le 29 oct. 2023

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