Le discours d’une mère
Le discours d’une mère 1974: Golda Meir, premier ministre d’Israël, comparaît devant une commission d’enquête sur son rôle durant la guerre du Kippour, une année plus tôt, où Syriens et surtout...
Par
le 7 sept. 2023
7 j'aime
Ce biopic a pour ambition de suivre la Première ministre d'Israël, Golda Meir, lors des dix-neuf jours de la guerre du Kippour. Si vous voulez en savoir plus sur cette dernière, allez sur la page Wikipédia ou regardez des documentaires. Ce n'est pas avec ce film que vous aurez l'occasion d'apprendre grand-chose sur ce sujet.
Bon, comme je suis gentil, si vous avez la flemme, pour vous la faire brève, suite à un fiasco total dans la chaîne de communication des services de renseignement de la Terre Promise (heureusement qu'ils ont bien retenu la leçon pour que ce type de bourde ne se reproduise plus jamais !) et aussi parce que Meir n'a pas su prendre toutes les dispositions nécessaires à temps, le pays est attaqué par surprise par ses adversaires (la Syrie et l'Égypte avec les contingents ou les soutiens de la plupart des pays arabes ainsi que de l'Union Soviétique !) et doit agir dans l'urgence pour contre-attaquer, en demandant un gros coup de pouce à l'Oncle Sam. Sur le plan militaire, cela a été une victoire. Sur le plan psychologique, un sentiment de défaite et d'humiliation pour une nation qui était trop sûre de son invincibilité, suite à son triomphe lors de la guerre des Six Jours.
Alors, pour en revenir au film, la guerre du Kippour, c'est Golda Meir, à sa 56ᵉ cigarette du film, qui décide au début de ne pas envoyer toutes ses forces se préparer au pire, ne sachant pas encore si un conflit va avoir lieu ou non. Puis, à sa 136ᵉ cigarette, elle écoute, avec son état-major, horrifiée, des hurlements, en hébreu, de ses soldats sur le front, en train de se faire défoncer. Puis, à la 238ᵉ cigarette, elle rencontre Ariel Sharon qui va, plus tard, remporter tout le conflit à lui tout seul. Et si vous ne savez pas qui est ce type, ben, il y a une phrase s'affichant à l'écran le présentant. Pourquoi ce traitement réservé uniquement lui et pas pour les autres ? Aucune idée. Et si vous ne savez pas qu'il s'agit d'un futur Premier ministre, ne vous inquiétez pas, Golda sort une réplique du type "oh, vous avez tout pour devenir Premier ministre !". Ouais, niveau subtilité dans l'écriture et les dialogues, ce n'est même pas digne du niveau petite section de maternelle. Puis à la 448ᵉ cigarette, Golda écoute, avec son état-major, tendue, ses soldats lors d'une autre bataille. C'est bon, on les a niqués, ouf. Puis, à la 657ᵉ cigarette, elle sert du bortsch à Henry Kissinger dans sa cuisine en lui demandant de l'aide pour pouvoir gagner. Puis à la 821ᵉ cigarette, Golda obtient d'Anouar el-Sadate (le président égyptien de l'époque !), l'arrêt des hostilités, un échange de prisonniers et la reconnaissance de l'État d'Israël.
Quoi ? Vous ne trouvez aucune cohérence à travers tout ce que je viens d’énumérer (à tel point que je ne suis même pas certain d’avoir tout mis dans le bon ordre !) ? Ben, le film, c'est ça. Je vous l'ai dit, si vous tenez à connaître les tenants et les aboutissants du conflit que l'ensemble était censé mettre en scène avec un minimum de liant et de clarté, allez sur Wikipédia ou regardez des documentaires. Et, pour en savoir plus sur ce qui a mené à cette situation, il y a juste quelques dates, importantes pour Israël, ultra-rapidement balancées lors de la première minute. Ouais, allez sur Wikipédia ou regardez des documentaires.
Par manque de moyens et sûrement aussi par paresse, la mise en scène est, elle aussi, lamentable. Les séquences de guerre ont l'air tiré d'une démo d'un jeu vidéo de très mauvaise qualité (ça pue le fond vert et le CGI à des kilomètres !). Il y a un manque complet de figurants (je pense en particulier au retour de la protagoniste d'un voyage en Autriche, à l'aéroport, car vous n'allez pas me dire que dans la réalité, il n'y avait pas beaucoup plus de personnes, ne serait-ce que pour les questions de sécurité, à être présentes lorsqu'une chef d'État rentre chez elle !). Les images d'archives sont mal intégrées (tiens, un coup, on voit la vraie Golda, un coup, celle du film, sans le plus petit soupçon de logique !). Les personnages parlent anglais, mais le réalisateur n'a pas cru bon de faire s'exprimer dans la même langue les soldats en train de combattre (ou alors, il aurait fallu prendre un casting israélien, échangeant donc en hébreu !).
La seule chose que je sauve, c'est le portrait d'une femme extrêmement malade, au corps gravement meurtri par une santé chancelante, mais d'un caractère affirmé en béton armé. C'est, malgré tout, une "dame de fer" qui porte tout le poids du destin d'un pays. C'est ce qui fait un tout petit peu tenir un résultat complètement bancal, n'ayant pas la moindre ligne directrice au-delà de son personnage principal, tellement ça ne sait pas quoi raconter et comment le raconter. Helen Mirren s'en tire avec les honneurs et est la seule à se distinguer, vu que les autres membres de la distribution n'ont que des rôles inconsistants à interpréter.
Bref, le tout, par sa quasi-absence de qualités, s'oublie à la vitesse d'un missile tombant sur Gaza.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2023 et Les meilleurs films avec Helen Mirren
Créée
le 16 oct. 2023
Critique lue 567 fois
18 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur Golda
Le discours d’une mère 1974: Golda Meir, premier ministre d’Israël, comparaît devant une commission d’enquête sur son rôle durant la guerre du Kippour, une année plus tôt, où Syriens et surtout...
Par
le 7 sept. 2023
7 j'aime
Meir d'alorsJ'ai vu l'existence de ce film et j'ai pas pu m'empêcher d'imaginer ce titre de critique. Ne pas y voir de lien avec le concours de lèche de zizis coupés (dans le bon sens hein) usant...
Par
le 13 oct. 2023
4 j'aime
8
Je m’attendais candidement à un biopic brillant (Helen Mirren tout de même !), à une pépite qui m’aurait permis de mettre en perspective ce qui se joue en ce moment au Moyen-Orient.Ni déçu ni ravi,...
le 31 oct. 2023
3 j'aime
2
Du même critique
L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...
Par
le 18 janv. 2023
313 j'aime
22
Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...
Par
le 20 juil. 2023
219 j'aime
29
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...
Par
le 1 juil. 2024
203 j'aime
43