En 1996, à l’aube de la rétrocession, une série de films fait sensation. Adaptation d’une bande dessinée populaire, les Young and Dangerous mettent en scène une bande de jeunes garçons dans le vent à la conquête des plus hauts rangs au sein des triades. Logiquement, les acteurs de la série, Ekin Cheng et Jordan Chan en tête, devinrent des stars et chacun poursuivit sa carrière hors du giron de la série qui s’arrêta en 2000. La réunion du casting original pour ce Golden Job est donc un petit événement, même si ce nouveau film n’est pas lié à la série des Young and Dangerous.
Lion (Ekin Cheng), Crater (Jordan Chan), Mouse (Jerry Lamb), Calm (Chin Kar Lok) et Bill (Michael Tse) sont des orphelins qui ont été recueillis par Cho (Eric Tsang). Sous l’autorité de ce dernier, ils sont devenus une équipe de mercenaires spécialisés dans le vol et le kidnapping. A la demande de Lion, le groupe accepte de faire une dernière opération : voler des médicaments pour aider des enfants en Afrique. Mais l’affaire tourne mal quand ils se rendent compte qu’à la place de médicaments, ils ont volés une cargaison de lingots d’or et l’unité du groupe s’en retrouve ébranlée.
Au sein d’un paysage de co-productions Hong Kong/Chine toujours plus orienté vers la République Populaire, Golden Job est un petit bol d’air frais. Le film de Chin Kar Lok est en effet un retour à un certain cinéma d’action tel que Hong Kong en produisait durant la grande période de son industrie. On retrouve ainsi au cœur du récit le thème de l’honneur et de la fraternité si cher à John Woo. On retrouve également ces tournages en Europe de l’Est si populaire à la fin des années 1990, avec l’idée de concurrencer Hollywood sur son propre terrain. Et bien sûr, une emphase mise sur l’action avec de grosses séquences mélangeant Kung Fu percutant, cascades automobiles et fusillades à balles infinies. Seule la présence d’une sous intrigue africano-humanitaire trahit qu’il s’agit bien d’une co-production avec la Chine.
Si la réunion du casting original de Young and Dangerous est avant tout un gimmick commercial, les acteurs ont suffisamment d’alchimie pour qu’on croie un minimum aux valeurs qui animent leur groupe. La présence d’un Eric Tsang comme toujours impeccable apporte également un plus indéniable aux quelques séquences dramatiques. Et c’est tant mieux car le scénario proprement dit contient lui de nombreuses grosses ficelles difficiles à accepter. Des stratagèmes du groupe qui mettent davantage en valeur la bêtise de leurs adversaires que leur propre intelligence aux grandes ellipses narratives bien pratique pour justifier des changements drastiques chez les personnages, la suspension d’incrédulité du spectateur est bien maltraitée !
Mieux vaut donc prendre Golden Job pour ce qu’il est : un divertissement à l’ancienne, aussi sympathique que vite oublié.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la production du film, voir mon interview avec le réalisateur : https://lepetitjournal.com/hong-kong/rencontre-avec-chin-kar-lok-un-realisateur-en-or-240872