Embourbée dans un interminable conflit juridique, la saga 007 aura attendu six longues années avant de revenir sur le devant de la scène, perdant au passage l'excellent Timothy Dalton, las d'attendre indéfiniment le feu vert de cette dix-septième aventure. C'est donc Pierce Brosnan qui prend sa place, lui qui devait déjà remplacer Roger Moore à la fin des années 80.
Hantée par les fantômes de la guerre froide et de la chute de l'URSS, Goldeneye prend le parti de ne pas adapter une nouvelle de Ian Flemming, préférant une aventure originale, plus contemporaine. Pari risqué mais pari réussi, tant le film de Martin Campbell parvient à satisfaire à la fois les exigences du cinéma d'action et celles des fans de la série.
Mis en scène avec efficacité, annonçant déjà le virage plus rentre-dedans du futur Casino Royale (également réalisé par Martin Campbell), Goldeneye propose un récit certes classique mais divertissant, offrant surtout un lot conséquent de séquences spectaculaires, dont on retiendra principalement une poursuite en tank.
Dans un rôle qu'il convoitait depuis un moment, Pierce Brosnan s'en sort avec les honneurs, croisement réussi entre les précédentes incarnations de James Bond, allant du charme de Sean Connery à la crédibilité physique de Timothy Dalton, en passant par l'humour pince-sans-rire de Roger Moore. A ses côtés, Famke Janssen compose une James Bond Girl savoureuse, aussi sexy que psychotique, et Sean Bean se montre impeccable en bad guy de service, permettant aux scénaristes d'étoffer quelque peu le passé trouble du célèbre agent secret.
Baptême du feu réussi pour Pierce Brosnan avec cet opus sympathique et carré, mené sans temps morts et mis en scène avec soin, compensant les défauts habituels de la saga par d'excellentes scènes d'action et par un des meilleurs génériques depuis belle lurette signé Tina Turner.