Un mystérieux terroriste connu sous le nom de code Janus a réussi à récupérer le contrôle d’un satellite soviétique, le GoldenEye, capable d’annihiler tout instrument électronique sur une zone donnée. James Bond (Pierce Brosnan) est envoyé en mission, afin d’essayer d’empêcher le criminel de mettre son terrible plan à exécution…
Souvent présenté comme l’épisode du renouveau par beaucoup de spectateurs, GoldenEye n’a pourtant pas grand-chose de plus à proposer que les deux excellents épisodes précédents avec Timothy Dalton. Développant un scénario certes efficace, mais effarant de conformisme, c’est-à-dire incapable d’inventer une péripétie qu’on n’a pas vu dans un autre James Bond, le film de Martin Campbell regorge de trouvailles en tous genres, mais certainement pas d’originalité. Une fois que l’on comprend que le scénario sera à peu près le même qu’on nous ressasse pour la 17e fois, on passera toutefois vite sur cette absence d’originalité pour goûter toutes les qualités d’un film qui n’en manque pas.
On retrouve en effet tout ce qui fait la force de James Bond, à commencer par des dialogues parmi les meilleurs de la saga, drôles et pertinents. Si l’humour est renforcé par rapport à la période Dalton, il permet de renouer avec le meilleur des périodes Connery et Moore, tandis que la James Bond girl se montre davantage dans la lignée de celle des deux épisodes précédents, très bien écrites, et loin des potiches du début de la saga.
Le principal intérêt du film réside d’ailleurs sans doute dans une des antagonistes de Bond, tueuse redoutable qui joint l'inutile au désagréable, puisqu'elle achève ses proies avec l'arme la plus étonnante qui soit : l'orgasme (et ses cuisses, accessoirement). De quoi introduire une sensualité violente assez inattendue pour un James Bond. Le fait qu'elle soit incarnée par la fascinante Famke Janssen n'enlève d'ailleurs rien à l'intérêt du personnage... Ce qui est plus dommage, c'est de voir à quel point elle vole la vedette au principal antagoniste du récit. En comparaison, ce dernier fait souvent pâle figure, malgré l’acteur de talent qui l’incarne, tant il peine à se dégager des traditionnels codes du genre : désir de vengeance mal placé, folie des grandeurs, repère secret au budget dément rempli d’une armée de mercenaires… Rien de bien original, tant on a l’impression d’avoir déjà vu cela mille fois.
Mais malgré l’impression de redite, GoldenEye tire son épingle du jeu grâce au dynamisme sans failles dont fait preuve son récit : la photographie de Phil Meheux alliée au montage de Terry Rawlings (qui a quand même à son actif Alien et Blade Runner) permet à Martin Campbell d’emballer de spectaculaires scènes d’action qui, sans transcender le genre, donnent au film l’occasion d’assurer plus que raisonnablement sa part de divertissement.
Si le combat final, d’une grande efficacité, ne sort guère du lot, on retiendra néanmoins la cultissime poursuite en char dans les rues de Saint-Pétersbourg reste un moment fort de la saga, tant on y trouve tout ce qui fait l’identité de James Bond : une surenchère assumée, un humour léger et pas envahissant, une efficacité plus que redoutable… A elle seule, cette scène rattrape bien des défauts du film, notamment la frustration de revoir toujours les mêmes décors. Il faut dire qu’ici, les décors sont toujours parfaitement valorisés, dans des scènes d’action savamment orchestrées, qui savent faire interagir les personnages avec l’espace.
Si on ajoute à cela des seconds rôles quatre étoiles (Judi Dench, Robbie Coltrane, Gottfried John, Joe Don Baker), on comprend que GoldenEye, malgré ses difficultés à s’éloigner un tant soit peu des canons de la saga, reste un James Bond très réussi et divertissant, qui mérite clairement qu’on fasse preuve de générosité à son égard. En attendant le jour où un film de la saga réussira à proposer un scénario à double-fond, qui sache éblouir et étonner…