Sorti en 1995 et réalisé par Martin Campbell, GoldenEye marque la renaissance de la saga, six longues années après le précédent volet Permis de tuer. Ce n'est pas la première fois, ni la dernière, que la saga est freinée par un imbroglio juridique. Une fois le conflit résolu, le célèbre agent du MI6 nous revient donc avec un nouveau visage, celui de Pierce Brosnan. Barbara Broccoli, La fille d’Albert Broccoli qui avait produit les précédents épisodes et qui mourra un an plus tard, tente alors de féminiser la franchise en renvoyant les potiches en Bikini au magasin des accessoires et "Oh grand sacrilège" en confiant pour la première fois le rôle de M à une femme, Judi Dench. Quant à Martin Campbell, c'est son premier James Bond à la réalisation, mais il reviendra derrière la caméra pour Casino Royale, le premier Bond avec Daniel Craig. C'est donc un spécialiste des films qui voient un nouveau interprète pour James Bond.
Alors que la Guerre froide avait marqué bon nombre des aventures de 007, GoldenEye met en scène un Bond qui doit faire face à la chute du bloc soviétique. Au lieu d’éluder cet aspect, ils décident de l’affronter en plaçant ce changement géopolitique au centre du nouveau Bond. La séquence pré-générique, un peu too much mais néanmoins très réussie, se situe ainsi dans les dernières années de la Guerre froide. L’intrigue se situant pour une partie de son action en Russie, le générique qui apparait ensuite joue avec toute l’imagerie communiste (la fossile et le marteau). C'est alors que le film commence pour de bon, neuf ans après les faits qui se sont déroulés durant le pré-générique.
Pierce Brosnan a alors 41 ans quand il endosse pour la première fois le costume de James Bond et il jouera en tout et pour tout dans quatre films de la saga. Il devra ici faire face à Sean Bean, un ancien collègue et ami devenu son principal ennemi. Quant aux James Bond girls, elle sont deux, incarnées par Izabella Scorupco et Famke Janssen (Jean Grey dans les X-Men). L'intrigue est très bien amenée, avec son petit lot de surprises. Ainsi, M est incarnée pour la première fois par une femme. La dynamique entre Judi Dench et Pierce Brosnan est très intéressante et leurs échanges sont assez jouissifs. Elle le renvoie à l'ancien monde, mais James Bond est James Bond, ça ne l'empêchera pas de multiplier les conquêtes et d'utiliser un humour en dessous de la ceinture.
Avec Pierce Brosnan dans la peau de James Bond, on retrouve l'élégance d'un Sean Connery et l'homme d'action d'un Timothy Dalton. Pierce Brosnan aura été un très bon choix, conférant beaucoup de classe et une bonne dose d'humour (et de dérision) à James Bond. Quant à Famke Janssen, elle s'impose tout de suite comme l'une des meilleurs James Bond girls, très belle et bien sadique comme il faut ... même si parfois elle en fait un peu trop, je dois l'admettre. L'autre James Bond girl est incarnée par Izabella Scorupco et elle s'inscrit parfaitement dans la continuité des James Bond girls précédentes, une femme d'action belle, indépendante et intelligente, mais qui succombe rapidement au charme de James Bond. Et pour le rôle du méchant de service, c'est Sean Bean qui s'y colle et il est une fois de plus parfait. On le dit souvent, il n'y a pas de bon James Bond sans un bon méchant et Sean Bean est un très bon méchant.
GoldenEye marque un tournant dans la saga James Bond, avec beaucoup de changements, souvent pour le meilleur (la réalisation Martin Campbell), parfois pour le pire (la BO d'Éric Serra). La réalisation est ainsi très soignée, avec beaucoup d'idées de mise en scène et une très belle photographie. James Bond entre dans les années 90 et ça se ressent, fini les James Bond plan-plan des années 80 réalisés par John Glen. Quant à l'action, elle est très impressionnante, comme en témoigne cette scène avec le char d'assaut ou de la scène pré-générique avec James Bond qui rattrape un avion en chute libre. Alors certes, c'est tellement too much, mais qu'est-ce que c'est jouissif. Et puis j'aime beaucoup le côté cartoonesque de ce James Bond, avec une méchante hystérique et le geek de service assez drôle je dois le dire. C'est Alan Cumming qui incarne le geek russe et il en fait des tonnes, mais c'est franchement drôle. Et se rajoute à lui le personnage de Jack Wade (Joe Don Baker) à l'humour un peu plus fin. L'équilibre est parfait au niveau de l'humour.
Maintenant, passons à ce qui fâche, la BO d'Éric Serra. La musique de Nikita dans James Bond, ce n'est pas possible, ça gâche vraiment mon plaisir. Plusieurs scènes sont tout simplement ruinées à cause de cette BO au synthé. Les sonorité synthétiques à la Éric Serra ne se marient pas du tout avec un James Bond et j'aurai préféré une musique plus symphonique à la John Barry. A vouloir dépoussiérer le style musicale des James Bond, les producteurs du film sont allés trop loin. Par contre, je n'ai rien à reprocher au choix de Tina Turner pour la chanson générique, qui est juste l'une des meilleurs de la saga.
Bref, malgré ce petit bémol concernant la BO, Goldeneye est l'un de mes Bond préférés. C'est de très loin le meilleur de la saga avec Pierce Brosnan, qui est parfait dans le rôle de l'agent secret ... seulement dommage qu'on ne lui ait pas donné matière à mieux exploiter son personnage dans les opus suivants, d'une qualité bien moindre à celui-là. Sean Bean et Famke Janssen sont excellents, les cascades sont impressionnantes et les gadgets sont de retour dans ce James Bond qui renoue à la fois avec les traditions et s'inscrit parfaitement dans le renouveau des films d'action des années 90.