Librement inspiré de scandales écologiques actuels : on ne le cite pas directement, mais on a le nom de Monsanto qui résonne dans notre petite boîte crânienne à chaque fois que Goliath nous secoue sans nous ménager. Nous ménager, et pour quoi faire ? Les films éveilleurs de conscience sur la pollution de l'eau par les industriels (Erin Brocovich, Dark Waters, Minamata, Rouge), sur le malaise paysan (Au Nom de la terre, La Terre des hommes), sur l'urgence climatique (Une vérité qui dérange) affluent, et rien ne change. Ou presque, car à force de souligner au spectateur qu'il doit être plus vigilant avec ce qu'il consomme, qu'il doit être d'autant plus méfiant avec les enquêtes de spécialistes qui affirment la sécurité des pesticides, on a bon espoir que les habitudes bougent, et que les industriels se sentent moins le cœur à continuer cette pollution éhontée. En tout cas, on ne peut pas ressortir de Goliath sans se dire qu'on va essayer de manger mieux, de faire attention aux étiquettes et aux provenances, et de ne pas encourager les productions massives. Le sujet dépasse clairement du film, et c'est exactement ce qu'il nous faut, pour nous rappeler à l'ordre de temps en temps, surtout si c'est en contemplant le très bon duel entre Gilles Lellouche (brillant en avocat ruiné, désespéré, mais qui n'a plus rien à perdre dans la lutte contre le géant industriel) et Pierre Niney (le défenseur des pesticides, qu'on adore détester). La mise en scène est soignée, on se retrouve vite au bout des deux heures de film, ayant essuyé quelques scènes chocs comme
l'immolation de la paysanne, le démantèlement rude de la manifestation, le final qui condamne les victimes et engraisse toujours plus les bourreaux
... On ressort énervés, lessivés, blasés, mais pour la bonne cause. Notre frustration devient le lance-pierre mythique contre les géants qui piétinent la planète et ses habitants. À nous de nous en servir.