Le film raconte le combat d'un avocat, Gilles Lellouche, qui défend une jeune femme dont sa compagne, agricultrice, a été emportée par les ravages d'un pesticide (fictif), la Tétrazine. Une autre partie montre une femme, Emmanuelle Bercot, qui se bat contre la société qui produit ce pesticide, Phytosanis car elle est persuadée que son mari, gravement malade, a lui été touché par les méfaits de ce pesticide balancé dans un champ non loin de chez eux. Enfin, il y a la partie adverse, la société représentée ici par Pierre Niney, qui milite quant à lui pour le maintien de la Tetrazine dans l'Union Européenne, car il est là question d'argent, et non de la santé publique.
A partir d'un maillage assez complexe, où bien entendu les parties se recoupent, Frédéric Tellier a fait un film-dossier à la Cayatte très intéressant, formidablement emmené par son trio d'acteurs. Et surtout, le film semble contemporain de notre époque, car la Covid y est citée, les influenceurs, les méthodes utilisées par Phytosanis pour manipuler les informations et faire passer l'avocat pour un moins que rien, notamment le trolling sur les réseaux sociaux ou les intimidations, voire menaces.
On voit que le réalisateur s'est renseigné sur le sujet, et il n'en oublie pas néanmoins de faire du cinéma, car c'est non seulement bien filmé (si on excepte une course-poursuite qui donne presque mal au cœur ), mais c'est prenant. Par le jeu des comédiens (où on peut rajouter Laurent Stocker, le comparse de Pierre Niney ou Jacques Perrin, dont ce sera le dernier rôle), mais ça fait aussi penser toutes proportions gardées, aux Hommes du président, avec la fameuse scène où une personne anonyme donne des informations capitales dans un parking souterrain. Par ailleurs, Pierre Niney est montré de manière plus ambiguë qu'il n'y parait, ne passant pas pour un salaud ; il défend lui aussi bon beefsteak, quitte à faire souffrir les gens, pour son propre bien et celui de sa famille, croit-il.
Frédéric Tellier est décidément un réalisateur passionnant, dont je rappelle que L'affaire Sk-1, son premier film, avait été adoubé par Bertrand Tavernier. Ici, on sent qu'il s'est documenté sur le sujet des pesticides, sur les absurdités d'un système où on peut acheter le silence d'une famille à coups de centaines de milliers d'euros. Quant à la fin, je la trouve assez surprenante, loin du film de procès classique où tout finit bien, et c'est à l'honneur de ce film qui ose ruer dans les brancards.