Sur un scénario impeccable de Lehane (suspense, retournements de situation, ambigüités, réflexion sur la relativité du Bien comme du Mal : on est en terrain connu, balisé même, mais garant de notre plaisir...), Ben Affleck compensait dans "Gone Baby Gone" ses limites de metteur en scène quasi débutant, malheureusement jamais loin des tics de n'importe quel tâcheron des polars hollywoodiens, par un vrai intérêt porté aux "gens" qu'il filme, que ce soit ses acteurs, tous remarquables, ou ses personnages : "Gone Baby Gone" est avant tout un portrait, chargé certes, caricatural parfois, mais plein de tendresse, de l'Amérique démunie, que l'on ne voit pas en général au cinéma. Pour la pudeur et la fragilité qui transpirent de bien des scènes, qui auraient été traitées ailleurs avec bien plus d'efficacité (certains en auront fait le reproche à Affleck, je trouve cela étonnant !), "Gone Baby Gone" s'avère contre toute attente un film marquant… Avec une mention spéciale pour le frangin Casey, troublant, en décalage permanent avec les clichés que son personnage aurait pu véhiculer. [Critique écrite en 2009 et retouchée en 2015]