SPOILER
Avec ‘Gone Girl’, David Fincher a probablement signé le portrait le plus terrifiant depuis le Joker de Christopher Nolan. A la fois affreusement malin et dénué scrupules, mais également hypnotique et capable d’une douceur extrême, les images du personnage incarné par une Rosamund Pike phénoménale resteront gravées dans la mémoire des spectateurs longtemps après le générique. Pour lui tenir tête, le choix de Ben Affleck est magistral. Non seulement ses faiblesses d’expressions dramatiques trouvent dans ce rôle de mari pris au piège toute leur adéquation, mais l’acteur fait également preuve d’une finesse dans son jeu bouleversante.

On aurait pourtant tort de s’arrêter au talent et à l’efficacité hors-norme du couple Ben Affleck-Rosamund Pike pour expliquer la réussite totale de ‘Gone Girl’. Du début à la fin, David Fincher parvient à instaurer une ambiance aussi captivante qu’oppressante. Entre la très bonne bande-originale de Trent Rreznor et Atticus Ross, et la photographie glaciale du film, le réalisateur nous plonge dans une atmosphère anxiogène rappelant ‘Prisoners’ de Denis Villeneuve.

Toutefois, David Fincher ne s’arrête pas là. En effet, dans l’introduction, chaque passage, chaque plan sonne faux, sans qu’on ne puisse déterminer pourquoi. La rencontre des deux amoureux, trop parfaite pour être réaliste, le masque social de Nick, fait de faux-semblants malgré ses bonnes intentions : David Fincher provoque le malaise, et instille le doute à chaque nouvelle révélation.

Mais dès lors que le scénario dévoile sa première corde, le film prend une tournure plus intéressante encore. Le malaise se transforme en exquise frustration, en même temps que le rythme s’accélère et que le récit prend des directions tout à fait inattendues. Le double récit du couple se joue des attentes du spectateur (la performance de Nick sur le plateau du talk-show), ce à quoi la réalisation et le montage de David Fincher contribue beaucoup. En particulier, on restera bouche-bée devant le meurtre de Desi Collings (interprété par un Neil Patrick Harris impeccable), à la violence inattendue mais à la mise en scène sublime.

Même lorsqu’il en vient à conclure son œuvre, David Fincher fait preuve d’un génie indiscutable. Ajoutant encore un degré de complexité à la psychologie de son personnage principal, on ressort de la séance ébranlé, le plan final résonnant comme s’il rappelait l’urgence d’un nouveau visionnage.

Un chef d’œuvre parmi les thrillers psychologiques.
Kroakkroqgar
9
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le 28 oct. 2014

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Kroakkroqgar

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