La modernité du cinéma de HHH est avant tout d'ordre esthétique. Les nombreux plans séquences du film, loin d'une volonté quelconque de maestria, sont en réalité un moyen de mettre en exergue une préoccupation centrale du cinéaste ; la reconstitution directe des pulsations de la vie dans un rythme qui lui est propre. Les plans présentent souvent plusieurs degrés de lecture ; chaque parcelle de l'image foisonne de détails, ce qui se passe en arrière plan a autant d'importance que l'avant plan, et des personnages présents en hors champ ont le même droit à la parole.
Certes, le film se concentre sur les pérégrinations de trois petites frappes entre Taipei et la province avoisinante, rythmé par les petits coups sans envergures et les soirées de beuverie mais, en réalité, n'importe quel autre personnage du film aurait pu passer d'un second à un premier rôle.
Car chez Hou Hsiao-hsien, tout le monde a le droit à l'image dans une forme d'humanisme qui irrigue chacun de ces plans d'ensemble foisonnant de personnages, la forme et le fond ne faisant alors plus qu'un.