L'adieu impossible au sud
Quand Hou Hsiao-hsien filme des personnages jeunes dans un contexte contemporain, ils savent rarement ce qu'ils veulent. Libres des contraintes sociales et politiques de leurs aînés, ils errent dans la vie, vaguement conscients qu'ils sont en train de passer à côté de quelque chose. Des poussières dans le vent, pour citer le titre d'un autre de ses films.
Ici les personnages sont deux garçons et une fille qui cherchent vaguement la normalité sociale mais sans y parvenir ni d'ailleurs y mettre beaucoup de volonté. Le sud, symboliquement, c'est la vie au jour le jour, dans la luxuriance tropicale des régions méridionales de Taiwan, où les chemises hawaïennes criardes des personnages soulignent par contraste l'omniprésence de la verdure. Parce que les personnages ne font pas grand-chose et tournent essentiellement en rond, Hou les filme en plan large, et les regarde aller et venir à travers le cadre, simples taches de couleur dans un décor indifférent. "Goodbye south, goodbye" serait-il un film taoïste?