Quelle inélégance. Quel scandale. Partir comme ça, sans dire au revoir !
La douleur nous fait faire des folies et en voilà une.
Y aurait-il une méthode, un lexique qu'il faille lire avant de se jeter, à corps perdu dans l'exercice périlleux de la critique. Surtout que même si ici c'est SensCritique, je n'ai pas la prétention d'en être un, de critique, mais si tu me lis, tu le sais déjà.
Écrire pour souligner le talent, la pertinence, faire sa déclaration d'amour au cinéma, aux acteurs, louer la musique quand elle emballe le tout d'une mélopée qui s'accroche à ta tête pour longtemps, disséquer d'un œil-scalpel expert la référence, la verve au vent, disserter sur le message, ou au contraire descendre dans les grandes largeurs, infliger la claque, le soufflet, cracher sur l'objet du dégoût, vomir ces gens qui pensent faire des films et nous servent des bouses en barres, tout ça, très peu pour moi.
Je m'y suis déjà essayé, la flatterie ou la morgue sont parfois plus forts, car je ne suis qu'un homme.
Mais je me plais à penser que je ne suis pas là pour ça..
Alors, aujourd'hui encore, je prends un peu de ton temps pour te parler d'un ami à moi.
Un visage mi-poireau mi-navet. Un corps de lâche dans toute sa splendeur, un cheveu aussi rare que l'intelligence que son crâne ingrat semble renfermer. Et pourtant, c'est mon ami.
Je parle de son physique et je sais que c'est moche mais c'est tellement plaisant à souligner, notamment quand monsieur veut faire le joli-cœur et que j'ai la chance d'être dans les parages, n'hésitant pas à rappeler à mon ami, l'engeance légumineuse qui est la sienne et ainsi faire fuir les bécasses myope ou les taulardes qui ont la dalle.
Il fume en faisant un petit bruit d'aspiration désagréable au possible, a des narines qui te regardent droit dans les yeux, une haleine à tuer un tigre, et il bouffe comme s'il savait que la fin du monde c'est pour bientôt, et donc faut faire des réserves, mais il est marrant.
J'ai vu un nombre incroyable de films avec ce type, en salle, en salon mais jamais en chambre.
Le genre de mec à te dire, sérieux ? Bruce Willis est mort dans Sixième Sens ? Putain mais oui ! Déjà que j'avais trouvé ça super comme film mais maintenant que tu me dis ça, c'est encore mieux.
Le genre d'énergumène à te souffler discrétos, mais ce type là, il n'est pas mort (la mort est un sujet qui l'a toujours intéressé visiblement) dans le Parrain ? Euh oui et ? Bah je sais pas, il a l'air d'aller mieux.
Le pote à qui ne pas offrir un costume de super-héros qui vole pour sa communion, de peur qu'il se jette par la fenêtre pour essayer son cadeau.
L'être humain dans lequel t'es jamais sûr que la pièce soit bien tombée, elle est peut-être coincée, il faut que tu tapes sur le côté pour la décoincer. Mais qu'est-ce qu'on se marre.
J'ai vu Voyage au bout de l'enfer avec ce mec. On s'est endormis de concert, mouillant nos manches de cette bave du sommeil, totalement incontrôlable. Un bien humide souvenir.
J'ai vu les Rocky avec lui aussi, enfin avec le lui qui a passé les films à imiter le chien de l'étalon italien. Il a même mangé de la pâtée ce jour-là, c'était rigolo.
Je suis triste ce soir, parce que mon pote, a calanché. Je claque ce petit billet sur son film préféré, juste pour lui dire que je pense à lui et qu'il va foutrement me manquer.
Ciao Marco.