Un seul Benshi vous manque et tout est dépeuplé

J'ai découvert Ozu lors d'une projection de Où sont les rêves de jeunesse dans le cadre d'un ciné-concert au Balzac. Alors lorsque le Balzac récidive en proposant avec Gosses de Tokyo, pourquoi se priver ?


Gosses de Tokyo suit les aventures de bambins, Keiji et Ryoichi, fraîchement arrivés dans la banlieue de la capitale nippone. Faisant face à une bande de marmots turbulents et bagarreurs, ils parviennent petit à petit à s'imposer à leurs pairs, tout en s'évertuant à satisfaire leur père à devenir de bons élèves. Car aller à l'école, c'est l'étape essentielle pour devenir des "gens importants".


Mais à quoi bon être important à l'école si lorsqu'on entrera dans le monde adulte, seul le statut social prévaudra ? A quoi bon si tout est joué d'avance ? Cette question est magnifiquement illustrée lors d'une scène poignante sur la toute fin du film. Incompréhension, confrontation, réconciliation non dite, Ozu déploie en quelques prises un spectre d'émotions concentrées bluffant.


Avant le final cependant, j'ai plus eu l'impression de suivre une succession de scènes à sketchs - généreuses en grimaces et pirouettes - mises bout à bout. Une sorte de longue introduction ne manquant pas de sel mais de liant. Peut être que les aventures des mômes avaient un intérêt particulier quand les Benshi de l'époque commentaient ce qui se passait à l'écran, mais là, l'image seule ne m'a pas toujours captivé comme Où sont les rêves de jeunesse y était parvenu.


Gosses de Tokyo est cependant loin de m'avoir fâché avec Ozu, j'espère bien poursuivre la découverte de sa filmographie prochainement. Un parlant peut être ? Il serait temps.

Hypérion
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le 27 mai 2015

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