Vu un peu avant Harakiri dans ma quête permanente de remplir les abymes insondables de mon incurie culturelle, Goyokin est mon premier film d’Hideo Gosha. Si je fais allusion au très bon film de Kobayashi, c’est parce que les points communs sont nombreux, depuis l’acteur principal Tatsuya Nakadai à la période, que ce soit celle de réalisation (les années 60) ou celle décrite (l’ère Edo).
Les comparaisons s’arrêtent là, puisque si Harakiri m’avait énormément plu pour sa construction, son propos et son analyse du Japon et du système überhiérarchisé qui était son cadre tant à l’époque des faits qu’à celle de la réalisation du film, on est sur un tout autre registre avec Hideo Gosha.
Plus terre à terre (ou du moins ou pourrait le croire), le film n’en raconte pas moins une histoire dramatique prenante, entre les aspirations chevaleresques et les fidélités impossibles à concilier, les frères d’armes se trahissant, la peinture d’un amour contrarié et sincère… Bref on est dans un cadre plus traditionnel de drame, ce qui n’empêche pas Hideo Gosha de livrer une histoire passionnante et bien réalisée. Les moments de bravoure et les climax émotionnels sont au rendez-vous et on se prend au jeu de cette histoire de bateaux contenant l’or du Shogun chapardés par un seigneur local.
Point de réalisme ici, puisque tout est traité de façon baroque des duels à la magnifique scène de la mariée. Le personnage du héros, qui revient sur les lieux du crime originel, exécutant les responsables y compris son propre beau-frère est saisissant. Il y a quelque chose du fantôme revenant hanter et punir les méchants dans sont rôle, et la danse macabre (qui s’ouvre par les corbeaux dans le village dévasté) qui se déroule devant nos yeux à quelque chose de spaghetti dans le côté résolument exagéré des scènes de duel, la longueur des phases arrêtées. Deux cinémas qui se seront nourris l’un l’autre pour nous donner quelques films d’une qualité rare…
Je terminerai sur le constat suivant : plus je vois Tatsuya Nakadai, plus je me dis que c’est un putain d’acteur, et plus je m’ouvre à d’autres cinéastes japonais et plus je me dis que c’est peut-être au levant que se trouve le vrai pays du cinéma.