Grabbers tombe, comme ça, sans crier gare, comme une petite comète d'un bleu-vert de chambre d'enfant à quelques mètres d'un bateau de pêcheurs. Paix à leur âme car la comète embarquait avec elle son lot de bêbêtes.
Vous la voyez poindre la petite série B sans ambitions, classique à souhait derrière ses images brillantes de vieille télé cathodique ? Son petit village irlandais au charme certain bientôt victime de ce que l'espace puis la mer lui ont apporté ? Vous sentez l'absence complète de surprises ?
Et bien malgré tout ça, vous allez passer un agréable moment, de ceux qui ont la douce chaleur de l'habitude, comme un petit plaisir répétitif. Car en tant qu'amateur de série B, vous avez déjà vu Grabbers, des dizaines de fois. Des bestioles extra-terrestres carnivores, des habitants en sursis, une tempête, une île, on ne va pas vous la faire. Mais vous sentez un petit truc dans l'air ambiant malgré tout, peut-être le sel, peut-être les personnages sympathiques. Où alors ce serait cette ambiance de franche camaraderie qui se fraie un chemin entre les tentacules ? Cette ambiance de pub qui se veut être le dernier rempart, à la manière du Winchester de Shaun of the dead.
Grabbers n'apporte rien, il ne résout rien, mais il possède cette petite pointe d'autodérision, cette petite touche d'humour, cette petite authenticité des coins perdus au milieu d'une micro-invasion extraterrestre et il se paye même le luxe de faire exactement ce qu'on attendait jusqu'à son dernier plan sans pour autant nous décevoir. Ici, le "j'en étais sûr" n'a rien de rasoir. Non, ici il est malicieux comme un clin d’œil.
Santé.