Justine (Garance Marillier) est une jeune fille prodige. Elle n'a que seize ans et, visiblement, aucune autre expérience de la vie que celle des cours et du végétarisme quand elle entre dans cette école de vétérinaires où sa sœur (Ella Rumpf), elle-même étudiante, la bizute.
Là, elle découvre un monde qui anime en elle des pulsions dévorantes. Là, elle sent monter en elle un appétit pour la "viande" ; un appétit, voire un désir, qu'elle a du mal à ravaler... Bestial et sanguinaire, Grave ne s’embarrasse pas d'esthétiser les corps bien que le film se veut, à bien des égards, sensuel. Les corps y sont réduits à leur plus simple appareil : chair, poils, os... Ils y sont crus, presque crades. Par dessus le marché, la thématique du cannibalisme embrasse celle du passage à l’âge adulte, certes, mais aussi timidement celle de l'inceste... Bref, Grave est un régal de transgressions.
Julia Ducournau signe un premier long-métrage glauque et prometteur. On regrette cependant une séquence d’introduction passablement mauvaise qui avale, malheureusement, l'ambiance instaurée par la scène de qualité précédant l’annonce du titre. On regrette également une direction d’acteur aventureuse – mais l’on pardonne à la jeune Garance Marillier les imperfections de son jeu pour les efforts fournis et parce qu’elle n’est (franchement pas) aidée par les dialogues – ainsi que quelques scènes esthétiques coupées court et maladroitement insérées dans le film, ce qui, ne permettant pas de pleinement les déguster, est assez frustrant.
Mais sinon, ouais, grave.