Cette bande-annonce sans dialogue, avec cette tension, des animaux, du sang, des vétos et des végétariens sur le fond de musique techno... aïe aïe aïe un film français qui se prend au sérieux en cachant du politiquement correct avec une petite histoire de cannibales le tout dans une photographie faisant penser à du Dario Argento. Pourtant, sans trop savoir l'expliquer, ce film m'avait fait tilt d'autant plus que j'ai rapidement eu vent de certaines réactions plus ou moins inattendues y compris venant de l'étranger (il a presque été mieux distribué à l'étranger qu'en France...). Après l'avoir vu 2 fois au cinéma, je dirais qu'en plus d'être un bon film, il est essentiel pour le cinéma français.
L'histoire nous plonge donc dans cette famille de végétariens où Justine et sa soeur aspirent à être vétérinaires comme leurs parents. Surprotégée par ces derniers, Justine est aussi une surdouée incarnant la naïveté et la douceur, ce qui n'est pas le cas de sa soeur. Mais après avoir mangé de la viande lors d'un bizutage, le corps de Justine se transforme et elle se met à ressentir une appétence pour la viande... humaine. S'en suit une descente aux enfers pour Justine qui n'atteint aucune limite.
Julia Ducournau nous propose un film de genre épuré, déstabilisant, regorgeant de clins d'oeil (Suspiria, Cronenberg, It Follows...). L'utilisation de la lumière naturelle le jour et des néons la nuit est bien vue et les plans rapprochés sont bien réalisés. Les acteurs sont plutôt convaincants, mention spéciale à Garance Marillier qui est très juste dans son interprétation d'une adolescente qui grandit (et qui devient flippante aussi). Je lui reproche cependant quelques facilités et quelques passages grotesques mais sans que cela nuise vraiment à l'ensemble.
Mais plus que mon simple ressenti, c'est le genre de film que t'as envie de défendre quand t'en peux plus de voir le cinéma français se regarder le nombril en recyclant toujours les mêmes choses. J.D. en a c*** pendant 6 ans pour monter ce projet tout en gardant un peu d'indépendance. Elle a pris un énorme risque avec ce thème peu conventionnel et en a tiré une oeuvre plutôt authentique.