La jeune Justine est végétarienne, comme l'ensemble de sa famille. Elle a tout juste 16 ans et se prépare à rejoindre sa sœur en fac vétérinaire comme leurs parents avant elles. Entre bizutages et découvertes de sensations inconnues, elle s'apprête à découvrir sa vraie nature... Soyons direct, je ne peux pas mettre objectivement moins de 5/10 tant je trouve le film plastiquement réussi et bien joué, mais j'ai détesté Grave! Bien entendu cet avis n'engage que moi et je suis plutôt à contre courant pour le coup donc vous me trouverez peut-être complètement à côté de la plaque... Oui, la thématique de l'ouverture à la sexualité par la chair et la bestialité est intéressante mais c'est également une des plus éculées du cinéma d'horreur. Oui, le film aborde énormément de genre (le film d'horreur bien sur mais aussi le teen movie, la comédie ou le drame) mais il part généralement dans tout les sens sans prendre le temps d'exploiter quoique se soit. Oui, le film est esthétiquement travaillé au niveau de sa mise en scène mais il est surtout très prétentieux. Mais surtout, c'est le vide narratif de l'œuvre qui m'a dérangé... J'ai eu l'impression d'être devant la présentation d'une thèse qui citerait l'ensemble de ses chapitres sans en aborder aucun.
Je ne vais pas mentir, certaines scènes m'ont bien déstabilisé. J'ai énormément de mal avec l'horreur clinique donc forcément quelques morceaux de bravoures m'ont bien mit mal à l'aise et j'ai même détourné le regard. Mais quand un film comme Martyrs aborde ce type d'horreur viscéral c'est pour aborder une thématique et surtout servir une histoire basée sur une dramaturgie travaillée. Sans les retournements de situation, ruptures de ton ou le suspense du film de Pascal Laugier n'aurait pas fonctionné. C'est exactement ça, pour moi, le problème de Grave. Il y a des thèmes (voir beaucoup trop de thèmes...) mais aucune histoire... Le film ne raconte rien et le maigre récit qu'il propose est ultra prévisible. Il se termine d'ailleurs sur une scène qui se voudrait être une sorte de twist mais qui ne révèle qu'une situation que nous avons deviné depuis les 5 premières minutes du film. Le film ne fonctionne d'ailleurs que parce que Justine ne pose à aucun moment de questions sur ce qui lui arrive. Outre le fait qu'absolument personne ne réagirait de la sorte fasse à une telle situation (d'autant qu'elle peut interroger sa sœur à tout moment) cette facilité scénaristique n'est là que pour permettre au film d'exister. Il en résulte une œuvre ne présentent aucun suspense. A plusieurs moments je me suis dit qu'on allait partir sur quelques choses mais au final on reste toujours en surface.
En voulant parler de tout (l'intégration à fac, la découverte de l'amour, les relations entre sœurs, le poids des attentes, le mise à niveau de l'homme et de l'animal ou encore les prémisse de la sexualité) le film n'exploite aucune thématique. Elles sont bien présentes mais je n'ai jamais eu l'impression qu'elles étaient creusés. Ce type de problèmes est extrêmement récurant dans les premiers films et plus encore chez les étudiants sortant d'une école de cinéma. Je ne doute absolument pas de la bonne volonté de Julia Ducournau mais en l'état son film me semble creux. J'ai l'impression qu'après avoir rongé leurs freins pendant leurs études beaucoup d'étudiants arrivent en fin de cycle pétris de certitudes avec une énorme envie de faire leurs preuves. Il en résulte une incapacité à se limiter et à canaliser leurs envies, créativités et thématiques. Au final j'ai trouvé que le film avait un côté (probablement involontaire je le reconnais) ultra prétention.
Grave est très stylisé et souvent pour pas grand chose... Que se soit au niveau de sa bande original très moderne qui se la joue plus "cool" que véritablement ressort dramatique à l'intrigue ou via une esthétisation extrême de la perversité qui ne sert pas vraiment le propos, la mise en scène était à mes yeux aussi belle qu'hors sujet. Je trouve ça terriblement dommage car le cinéma de genre français à plus que jamais besoin d'un porte étendard et via sa forte couverture médiatique Grave aurait pu devenir celui-ci. Reste la prestation de Garance Marillier qui est tout simplement lumineuse dans une rôle extrêmement difficile pour lequel elle a du donner énormément de sa personne. Par de nombreux points Grave ma fait penser à une sorte de version raté du Neon Demon de Nicolas Winding Refn. Même si les thématiques n'ont aucun rapport la démarche créative des deux films me semble très proche. Mais si The Neon Demon était une de mes œuvres préférés de l'année dernière, Grave restera certainement comme une de mes grosses déceptions de 2017.
En deux Mots:
Grave est plastiquement réussi et bien joué mais je l'ai clairement détesté! Très prétentieux dans sa démarche artistique, j'ai trouvé l'oeuvre vide, partant dans tout les sens pour ne rien dire, ne menant nul part, sans aucune dramaturgie et ultra prévisible. Déjà une de mes grosses déceptions de 2017...