La rumeur stipule que quelques mois avant sa sortie en salle, lors de sa présentation au festival de Toronto, Grave le premier film de la jeune réalisatrice Julia Ducournau, aurait provoqué plusieurs évanouissements et malaises lors de la projection.
Surfant donc sur la vague médiatique qui en a découlé, sa sortie s’annonçait être un véritable événement. Plus de deux mois sont passés et il semble aujourd’hui légitime de se demander si Grave a finalement bel et bien fait office de bouleversement dans le paysage cinématographique français.
Il est ici question du bizutage de Justine, 16ans, végétarienne et obligée lors de sa journée d’intégration scolaire, à manger un rein de lapin cru.
S’ensuit alors une série de transformations corporelles et mentales qui aboutissent à la révélation de sa véritable nature, caractérisée par des pulsions violentes, sexuelles et cannibales. On comprend alors simplement avec le postulat de départ pourquoi Grave a fait couler tant d’encre. Dans un cinéma français actuellement balloté entre films d’auteurs héritiers de la nouvelle vague et les comédies vaudevilles accablantes, cet espoir de nouveauté nous faisait saliver d’impatience.
Dès sa sortie, le film à divisé, enthousiasmé et parfois scandalisé son public.
Des réactions dues à son l’aspect certes parfois provocateur et dérangeant mais surtout à son traitement visuel, narratif et sonore très stylisé, fleuretant parfois avec le grossier, et tombant même parfois dans une outrance libératrice.
Voilà la force de Grave, qui non seulement ressuscite le cinéma de genre français mais parviens également à séduire, charmer, dégoûter ou choquer son audience, quitte à faire ressurgir une des fonctions les plus primitives de l’art et du cinéma, sa dimension cathartique, faisant office d’exutoire pour nos fantasmes et nos pulsions.